Les marchés actions gardent le vent en poupe malgré quelques accrocs visibles sur le SMI Suisse ou le Nasdaq américain hier, mais dans des proportions extrêmement réduites. Je n'ai pas tellement d'autres remarques à faire au-delà de ce que j'ai déjà écrit la veille, à savoir que les investisseurs voient à nouveau le positif en toute chose, après avoir broyé du noir pendant six mois. Sur les 30 dernières séances de la Bourse de Paris, 22 ont été haussières, soit un taux de 73% environ. Même situation ou presque à New York avec les deux-tiers des séances positives sur la même période.

Les financiers prennent à nouveau des risques, comme le montrent quelques indicateurs piochés çà et là. Par exemple, cela fait trois semaines que les flux en direction de la dette d'entreprise risquée, les obligations "high yield", sont redevenus positifs. La semaine dernière a aussi vu affluer la plus grosse masse de fonds vers le secteur technologique des huit dernières semaines.

Interpréter les signaux macroéconomiques et microéconomiques est particulièrement compliqué actuellement, un peu comme si les agents économiques étaient devenus totalement imprévisibles et que les articulations traditionnelles étaient mises à mal. Hier, Walmart et The Home Depot, qui avaient décroché il n'y a pas si longtemps après avoir réduit leurs ambitions annuelles, ont finalement publié des résultats jugés rassurants. On sait que quand le consommateur va, tout va aux Etats-Unis, et c'est un peu ce qui a motivé la hausse des marchés hier. Pour autant, les résultats des deux mastodontes baissent quand même – on ne sort pas indemne d'une hyperinflation couplée à une économie qui ralentit – mais ils ne baisseront pas AUTANT que prévu. C'est cette nuance qui a de l'importance pour des investisseurs à la recherche du point de bascule. Et tant pis si Walmart a aussi annoncé avoir annulé des milliards de dollars de commandes pour faire face aux incertitudes à venir. Dans le même registre, après une série d'indicateurs macro négatifs, les autorités ont annoncé hier après-midi que la production industrielle américaine a rebondi deux fois plus que prévu en juillet.

Le marché cherche désormais clairement à accumuler les indices démontrant que l'économie (américaine en l'occurrence) est en train de tenir le coup pendant que la banque centrale gagne son combat contre l'inflation. Il y a quelques semaines, les investisseurs collectaient encore les indices prouvant que la catastrophe était inévitable et que la Fed n'était qu'un ramassis de crétin(e)s incapables d'anticiper les écueils économiques. C'est comme ça, le marché est versatile, optimiste et toujours prêt à signer pour une bonne histoire.

Et parmi les histoires du jour, il y aura d'abord la publication des ventes de détail américaines de juillet à 14h30, histoire de rester dans la thématique de la consommation. Elles sont attendues en hausse de 0,1% par rapport à juin, mais en contraction de -0,1% hors automobile. Il y aura aussi à 20h00 le compte rendu de la dernière réunion de la Fed, celle de la mi-juillet. Auparavant, l'UE aura publié le PIB révisé du second trimestre (11h00). Pour rester dans la macroéconomie, les actualités ne sont pas très enthousiasmantes en Europe, où les prix de l'énergie continuent à grimper, ce qui promet des lendemains difficiles. L'Europe sera-t-elle la grande malade de l'économie mondiale à la place de la Chine dans les mois à venir ?

Dans un tout autre registre, l'inénarrable Elon Musk devait sans doute s'ennuyer de ne plus être au centre du jeu depuis plusieurs jours. Il a donc twitté qu'il allait racheter le club de foot de Manchester United, ce qui a entraîné une cascade de dépêches d'agences et de commentaires. Avant de préciser un peu plus tard que c'est un vieux running-gag sur le réseau social et qu'il "n'achète pas d'équipe sportive". Musk a déjà écrit par le passé qu'il voulait racheter Coca-Cola pour y mettre de la cocaïne (il vient d'ailleurs de retwitter au cas où que ça aussi, c'était une blague). Il a aussi annoncé la faillite de Tesla ou expliqué que Mark Zuckerberg n'est pas le pingouin qui glisse le plus loin en matière d'intelligence artificielle. Mais il a aussi concrétisé des projets comme le "lance-flamme" Boring Company ou l'ébauche d'un rachat de Twitter, dont on ne connaît d'ailleurs pas encore l'issue. Si bien que ses prises de position, même les plus bizarres, peuvent aboutir à quelque chose. C'était la parenthèse détente inutile du jour.

Il y aura peu de publications de résultats d'entreprises. En Europe, il ne se passe plus rien en France, semaine du 15 août oblige. Il n'y a guère plus que les valeurs moyennes suisses qui occupent le terrain et le brasseur danois Carlsberg. Tencent en Asie et Cisco aux Etats-Unis complètent l'agenda.  

Les marchés asiatiques sont majoritairement en hausse ce matin, en particulier au Japon où le Nikkei 225 s'adjuge 1% en fin de parcours. La Chine n'est pas en reste avec des indices qui sont dans de meilleures dispositions qu'en début de semaine : la rumeur chronique d'un plan de relance a fait son retour, après avoir été maintes fois battue en brèche. La Corée du Sud fait exception avec un KOSPI en retrait de 0,8%. Le CAC40 gagnait 0,16% à l'ouverture, suffisant pour dépasser les 6600 points. 

Les temps forts économiques du jour

Les ventes de détail américaines de juillet seront dévoilées à 14h30. En soirée (20h00), place aux minutes de la dernière réunion de la Fed. Tout l'agenda macro ici.

L'euro se stabilise autour de 1,017 USD. L'once d'or évolue à 1777 USD. Le pétrole rencontre une accalmie après sa baisse, avec un Brent de Mer du Nord à 92,79 USD le baril et un brut léger américain WTI à 87,09 USD. Le rendement de la dette américaine à 10 ans remonte légèrement à 2,82%. Le bitcoin évolue autour de 23 900 USD.

Les principaux changements de recommandations

  • Banco Santander : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4,30 à 4,40 EUR.
  • Bankinter : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 6 à 5,70 EUR.
  • BPER : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 3 à 3,40 EUR.
  • British American Tobacco : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 4300 à 4500 GBp.
  • CaixaBank : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 3,65 à 3,40 EUR.
  • Credito Emiliano : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 5,30 à 6 EUR.
  • Dassault Systèmes : Wolfe démarre le suivi à sousperformance en visant 38 EUR.
  • Encavis : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours relevé de 15,50 à 22 EUR.
  • Intesa : Jefferies reste à conserver avec un objectif de cours réduit de 2,20 à 2,10 EUR.
  • Knorr-Bremse : Crédit Suisse reste passe de sousperformance à neutre en visant 58 EUR.
  • Mobilezone : Research Partners reste à l'achat avec un objectif réduit de 20 à 19 CHF.
  • Neoen : AlphaValue reste à la vente avec un objectif de cours relevé de 29,20 à 32,60 EUR.
  • Rovio : Berenberg reste à l'achat avec un objectif réduit de 10 à 8 EUR.
  • SFS : Berenberg reste à la vente avec un objectif réduit de 123 à 77 CHF.
  • Sonova : AlphaValue passe d'acheter à accumuler avec un objectif de cours réduit de 417 à 411 CHF. Credit Suisse reste à surperformance avec un objectif de cours réduit de 380 à 335 CHF.
  • Straumann : J.P. Morgan reste à surpondérer avec un objectif de cours réduit de 204 à 153 CHF.
  • UBS : RBC reste à surperformance avec un objectif relevé de 17 à 20 CHF.
  • Unicredit : Jefferies reste à l'achat avec un objectif de cours relevé de 16 à 17 EUR.

En France

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Sanofi met un terme au programme mondial de développement clinique de l'amcenestrant. En mars dernier, le groupe avait annoncé que son essai de phase II AMEERA-3 n’avait pas atteint son critère d’évaluation primaire.
  • Technip Energies retenu pour un projet d'éolien offshore flottant en Corée du Sud.
  • Le trafic du groupe Aéroports de Paris a représenté en juillet 84% du niveau de juillet 2019.
  • Le président d'Abivax quitte la société.

Dans le monde

Résultats des sociétés

  • Agilent : Le titre gagne plus de 6% hors séance après la publication des trimestriels.
  • Carlsberg : Le brasseur danois a fait état d'un chiffre d'affaires inférieur aux attentes pour le deuxième trimestre, les bénéfices ayant été affectés par la hausse des prix des matières premières et de l'énergie.
  • Swiss Life : Le groupe financier a dégagé 642 MCHF de bénéfices au S1, un peu mieux que prévu. Le management ne formule pas de prévisions chiffrées.
  • Uniper : L'énergéticien annonce une perte nette de 12,2 Mds$ en raison de la baisse des livraisons de gaz russe.

Annonces importantes (et moins importantes)

  • Amazon critique l'enquête "pesante" de la FTC sur Prime. Par ailleurs, le groupe aurait prévu d'augmenter les frais des vendeurs sur sa plateforme pour les fêtes de fin d'année.
  • Des appareils auditifs seront bientôt en vente sans ordonnance aux Etats-Unis, pour faire baisser les prix. Hier, Sonova a douché le secteur (Demant, GN Store, Amplifon) avec un abaissement de ses prévisions sans rapport avec l'annonce précédente.
  • Implenia obtient le marché pour le lot principal Nord du second tube du tunnel routier du Gothard.
  • BAE Systems remporte un contrat pour fournir une technologie de recherche infrarouge pour les missiles de Lockheed Martin.
  • Principales publications du jour : Tencent, Cisco, Lowe's, Analog Devices, Coloplast, Carlsberg, Swiss LifeTout l'agenda ici.

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