* Hollande veut 100.000 jeunes pour le service civique

* Diviser par deux le nombre de "décrocheurs" scolaires

* Des emplois "francs" pour les jeunes des quartiers sensibles

* Une garantie universelle pour faciliter les locations (actualisé avec discours de Hollande à Grenoble)

par Catherine Lagrange et Julien Ponthus

GRENOBLE/PARIS, 23 janvier (Reuters) - François Hollande a lancé mercredi un vaste chantier législatif consacré à la jeunesse avec un projet de loi pour "refonder" l'Ecole et la préparation de mesures visant à améliorer le sort réservé aux jeunes, priorité affichée de son quinquennat.

Les principales annonces sont attendues à l'occasion d'un comité interministériel prévu le 21 février mais le président a déjà largement esquissé son projet et ses motivations dans un discours prononcé à Grenoble mercredi.

"Nous serons le pays le plus jeune d'Europe, c'est cet atout-là que je veux donner comme facteur d'espérance à notre pays" a déclaré le chef de l'Etat en prenant comme horizon les vingt prochaines années.

Présentant ses voeux à un millier de jeunes de 16 à 25 ans de tous horizons, François Hollande a fixé plusieurs objectifs à son gouvernement, notamment de celui faire passer de 20.000 à 100.000 le nombre de participants au service civique d'ici 2017.

Il souhaite aussi diviser par deux durant son quinquennat les 140.000 décrocheurs scolaires qui sortent de l'enseignement sans diplôme ou formation.

Rappelant les initiatives déjà prises comme les emplois d'avenir ou les contrats de génération, François Hollande a annoncé de nouvelles mesures pour les jeunes issus des zones urbaines sensibles à travers des emplois "francs", c'est-à-dire exonérés de charges sociales.

"TOUTES LES GRANDES REFORMES SONT DIFFICILES"

Le gouvernement compte aussi sur un mécanisme de garantie universelle pour aider les jeunes et les ménages défavorisés à accéder plus facilement à la location d'un logement. Cette réforme, préparée par la ministre du Logement, Cécile Duflot, est attendue cette année.

"Ce sera une assurance collective, un fonds alimenté, non pas par l'Etat, mais par les locataires et les propriétaires", a expliqué un conseiller du président.

"Un pourcentage sur les loyers viendra l'alimenter, mais en contrepartie, les locataires n'auront plus de caution à payer", a-t-il poursuivi.

Le président a été accueilli à l'entrée de la maison de la Culture sous les sifflets d'une centaine de manifestants pour la plupart du Front de gauche mais également des enseignants hostiles à la réforme des rythmes scolaires engagé par Vincent Peillon.

Le ministre de l'Education, qui n'a pour l'heure affiché aucune intention de céder à la grogne des fonctionnaires, est allé à leur rencontre et plaidé pour sa réforme et son projet de loi de refondation de l'Ecole.

"Toutes les grandes réformes sont difficiles, nous sommes le seul pays du monde où nous ne donnons pas aux enfants ce qu'ils méritent d'avoir", avait-il déjà déclaré à sa sortie du Conseil des ministres mercredi.

Quelque 90% des enseignants d'école primaire à Paris ont fait grève mardi pour protester contre l'entrée en vigueur de la réforme des rythmes scolaires, dénonçant un nombre insuffisant d'animateurs pour gérer les activités périscolaires.

La réforme prévoit de dispenser l'enseignement dans le cadre d'une semaine de neuf demi-journées incluant le mercredi matin et des activités pédagogiques viendront s'ajouter aux 24 heures. (Julien Ponthus et Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)