PARIS, 20 janvier (Reuters) - Le gouvernement a dissocié la réforme des prud'hommes du projet de loi sur la formation professionnelle et la démocratie sociale afin de ne pas risquer de bloquer ce texte important pour la lutte pour l'emploi, a-t-on appris lundi du ministère du Travail.

Plusieurs syndicats, dont la CGT, Force ouvrière (FO) et la CFE CGC, se sont élevés contre l'un des articles de ce texte, qui habilite le gouvernement à mettre en place par ordonnance de nouvelles modalités de désignation des 14.500 juges prud'homaux.

Ces conseillers chargés de régler les litiges individuels relatifs au droit du travail sont normalement élus tous les cinq ans par les salariés et les employeurs. Mais le renouvellement des prud'hommes a été repoussé de deux ans, à fin 2015.

Le gouvernement souhaite remplacer cette élection par une procédure de désignation fondée sur l'audience des organisations salariales et patronales.

"L'élection générale (...) connaît aujourd'hui ses limites", lit-on dans l'exposé des motifs du texte sur la formation et la démocratie sociale. "Le taux de participation ne cesse de décroître avec un fort risque pour l'avenir quant à la légitimité de l'institution prud'homale."

La CGT, FO, la CFE CGC, ainsi que les sénateurs Verts et des élus du Front de gauche et de l'UMP, contestent la suppression ainsi programmée des élections prud'homales.

"Les discussions avec les organisations syndicales et patronales n'ont pas complètement abouti et il faut donc continuer", explique-t-on au ministère. "Il n'y a pas urgence. En revanche, il y a urgence pour la formation professionnelle. Il ne faut pas que ce point-là bloque l'ensemble du texte."

Le volet prud'hommes fera donc l'objet d'un projet de loi séparé. Les deux textes seront présentés ensemble mercredi en conseil des ministres mais la réforme prud'homale ne sera soumise au Parlement qu'au printemps ou à l'été, ajoute-t-on de même source.

Le gouvernement souhaite en revanche que le Parlement vote avant fin février le texte réformant la formation continue, qui traduit un accord conclu le 14 décembre par les partenaires sociaux et dont il souhaite faire une arme anti-chômage.

Ce texte met notamment en oeuvre le compte personnel de formation (CPF) dont tous les actifs disposeront tout au long de leur vie professionnelle à partir de 2015.

Il coupe par ailleurs le cordon entre les organismes de collecte des fonds de la formation professionnelle (Opca) et le financement des organisations syndicales et patronales, crée un cadre juridique pour la représentativité patronale, réforme les modalités d'accès à l'apprentissage, améliore le dispositif du "contrat de génération" et renforce l'inspection du travail. (voir ) (Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)