* Les avocats des aînés avaient demandé un délai

* Ils se plaignent d'un manque de coopération de la partie adverse

* Les enfants aînés demandent le gel du patrimoine de leur père

PARIS, 29 mars (Reuters) - Après un faux départ, le tribunal de grande instance de Nanterre se penchera vendredi sur le gel éventuel du patrimoine de Johnny Hallyday, demandé par ses deux aînés, David Hallyday et Laura Smet, en conflit avec la dernière épouse du rocker, Laeticia.

Leurs avocats avaient demandé un délai pour obtenir une traduction des pièces communiquées par Laeticia Hallyday et son conseil, Me Ardavan Amir-Aslani, et d'autres documents.

Laura Smet et David Hallyday contestent le dernier testament connu de leur père, rédigé en anglais, signé le 11 juillet 2014, qui met en avant sa qualité de résident à Los Angeles et ne leur laisse rien, comme le droit américain l'autorise.

Il confie en outre la gestion de tous ses biens à deux "trusts" - disposition courante en droit anglo-saxon - l'un pour les actifs français, le second pour tous les autres et ayant vocation à absorber le premier.

La première chambre du TGI de Nanterre devra statuer sur des mesures conservatoires, en attendant de savoir si c'est le droit français ou le droit américain qui s'applique.

Les avocats des deux premiers enfants de Johnny Hallyday demandent que les biens immobiliers de leur père ne soient pas vendus et que ses droits d'auteur soient mis sous séquestre, dans l'attente d'un dénouement de la procédure.

David Hallyday et Laura Smet demandent aussi un droit de regard sur le dernier disque de leur père, dont il faut établir s'il est posthume ou s'il a été finalisé du vivant du chanteur, thèse défendue par sa maison de production, Warner Music.

Selon leurs avocats, les traductions en anglais ont bien été communiquées mais d'autres éléments manquent encore, notamment le nom du "trustee", c'est-à-dire l'administrateur chargé de gérer le patrimoine du chanteur pour la bénéficiaire, Laeticia, et, en cas de décès, ses filles adoptives, Joy et Jade.

PAS DE "TRUSTEE" CONNU À CE STADE

L'absence de "trustee" à ce stade sera vraisemblablement une des questions au centre des débats, de même que le périmètre des trusts. "On n'en sait pas plus qu'avant sur leur contenu", dit un des avocats des aînés. "Cela s'annonce très tendu."

Un des éléments nouveaux dans cette affaire qui déchire la famille de Johnny Hallyday est que le frère de Laeticia, Grégory Boudou, n'est plus le "protecteur" des trusts, c'est-à-dire la personne chargée de contrôler le respect par ces structures juridiques des volontés du chanteur décédé - il a notamment le pouvoir de révoquer le "trustee".

Selon une source proche du dossier, Laeticia a désigné un contrôleur de nationalité américaine, un "professionnel".

Les avocats de David Hallyday et Laura Smet disent avoir découvert l'existence de six testaments successifs, dont le dernier est celui de juillet 2014.

Pour Me Pierre-Olivier Sur, avocat de Laura Smet, "la vertu" de la procédure engagée "est d'avoir permis aux testaments et aux trusts de sortir de l'ombre, de telle sorte que nous avons maintenant la preuve juridique de la fraude à la loi française et de la volonté de captation progressive de la famille Boudou."

L'avocat de Laeticia Hallyday accuse pour sa part la partie adverse de vouloir "asphyxier sa cliente" et dénonce une "campagne médiatique orchestrée" visant à salir sa réputation.

Johnny Hallyday a vendu plus de 110 millions de disques. Son patrimoine comprend la propriété de Marnes-la-Coquette (Hauts-de-Seine) où il a fini ses jours, une villa sur l'île antillaise de Saint-Barthélemy et une maison à Los Angeles, où les filles qu'il a adoptées avec Laeticia, Jade et Joy, sont scolarisées.

Un juriste proche des Hallyday évalue ce patrimoine à au moins 100 millions d'euros. Mais les avocats de ses aînés jugent impossible une évaluation précise à ce stade. (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)