* Un départ de ministre, "c'est banal", dit Bruno Le Maire

* "Il faut raison garder", dit Benjamin Griveaux

* Une annonce de remaniement en début de semaine prochaine (Actualisé avec autres déclarations de Belloubet § 10-11)

PARIS, 7 octobre (Reuters) - L'exécutif a minimisé dimanche l'ampleur de la crise politique que traverse le gouvernement avec la démission surprise du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb et a appelé à "continuer les transformations".

"C'est banal, des ministres qui arrivent et des ministres qui partent, (...) tout ça pour moi fait partie de la vie politique", a dit le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, lors du Grand Rendez-vous CNEWS-Europe 1-Les Echos.

"Ce qui compte, c'est ce qui est fait au service des Français. Et moi, ce que je constate, c'est que l'action du gouvernement se poursuit", a-t-il estimé.

"Ce n'est pas la première fois qu'un ministre démissionne d'un gouvernement, on a déjà connu ça", a dit pour sa part le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, à l'émission Questions politiques de France Inter, Le Monde et France Télévisions. "Je sais qu'on aime le sensationnalisme, mais il faut raison garder."

Depuis la démission de Gérard Collomb, mardi dernier, Emmanuel Macron et son Premier ministre, Edouard Philippe, réfléchissent à la composition d'une nouvelle équipe gouvernementale, qui pourrait être annoncée "avant mercredi", a dit sur LCI la ministre de la Justice, Nicole Belloubet.

L'enjeu est de taille pour les deux têtes de l'exécutif, en chute libre dans les sondages et déjà ébranlées par les démissions surprises, à la fin de l'été, du ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, et de sa collègue des Sports, Laura Flessel.

Des voix, comme celle du président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, s'élèvent dans la majorité pour un remodelage plus large que le simple remplacement poste pour poste du locataire de la place Beauvau, dont les fonctions sont actuellement assurées par Edouard Philippe.

"Il faut rester fidèle au projet initial mais il faut un nouveau souffle", a-t-il dit dans Le Journal du dimanche, ajoutant vouloir "faire confiance à des personnes qui n’ont pas derrière elles des années de vie politique".

UN REMANIEMENT "AVEC DU SENS"

Pour Nicole Belloubet, "si un remaniement a lieu maintenant, il faut qu'il ait un sens". Elle a ajouté sur LCI qu'"on peut imaginer" qu'il n'y en aura "pas un autre avant les européennes" de mai 2019. Avant d'estimer que l'hypothèse d'un large remaniement serait "peut-être" celle que retiendra l'exécutif.

"L'équilibre hommes-femmes est incontournable, il doit être pérennisé", a-t-elle ajouté au sujet du prochain gouvernement. Mais il faut aussi "des gens de droite, de gauche, du centre, des gens de la société civile et des gens qui sont davantage marqués par le politique".

Son candidat idéal pour la place Beauvau doit par ailleurs avoir "de l'autorité pour assurer la sécurité des Français" ainsi que de "la compréhension". "Dans le schéma actuel, on est également ministre des Territoires, donc il faut savoir entendre ce que nous disent les territoires, c'est-à-dire les Français eux-mêmes", a-t-elle dit.

Pour le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy, "si des personnalités nouvelles (...) viennent renforcer l'équipe, (c'est) très bien. Mais il y a aussi aujourd'hui une équipe de ministres qui sont au travail et qui n'ont pas démérité".

"Ce qui compte encore une fois (...), c'est de poursuivre, de tenir bon sur les transformations", a-t-il dit lors du Grand Jury pour RTL, Le Figaro, LCI.

CHANGEMENT DE POLITIQUE

Questionné sur le délai que prenait le gouvernement pour choisir un nouveau ministre de l'Intérieur, Benjamin Griveaux a répondu qu'il était normal de "prendre le temps" de la réflexion. "J'assume totalement ce temps long, parce que nommer un ministre de l'Intérieur, ce n'est pas une petite fonction dans l'appareil d'Etat", a-t-il dit.

Sans rien dévoiler des intentions du Premier ministre, Nicole Belloubet, Bruno Le Maire, François de Rugy et Marlène Schiappa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, ont chacun réitéré dimanche leur intérêt à rester au sein du gouvernement.

"Mon souhait, c'est bien évidemment de poursuivre au sein du gouvernement pour la réussite du quinquennat du président de la République (...). Mais ce n'est pas moi qui suis décisionnaire de cela", a dit cette dernière sur BFMTV.

"Je me suis engagée au côté du président de la République et du Premier ministre pour cinq ans, et je souhaite rester ce temps-là si eux le souhaitent", a dit la ministre de la Justice.

Pour l'opposition, ce remaniement doit être l'occasion d'un changement de politique. "Je dirai (à Emmanuel Macron) de ne pas s'attarder trop sur le casting mais de dresser une nouvelle ligne politique. Il faut un triple sursaut à la France", a dit Valérie Pécresse, la présidente de la région Île-de-France, sur Radio J.

"Il faut un sursaut en terme de pouvoir d'achat, de baisse des dépenses, de baisses de impôts. Il nous faut des personnalités qui incarnent ces nouvelles politiques". (Caroline Pailliez, édité par Pierre Serisier et Henri-Pierre André)