* Macron souhaite un "projet européen renouvelé"

* Contexte plus difficile qu'en mai 2017

* L'opposition dénonce une campagne électorale déguisée

PARIS, 31 janvier (Reuters) - Emmanuel Macron, qui a placé au coeur de son projet politique la refonte de l'Union européenne, prendra une "initiative européenne sans doute en février", a-t-on indiqué jeudi à l'Elysée, à quatre mois des élections européennes, premier test électoral du chef de l'Etat depuis son élection en mai 2017.

Selon Paris Match, le chef de l'Etat préparerait un "grand discours", une forme que n'a pas souhaité confirmer la présidence qui a insisté avant tout sur la volonté du président d'émettre "une parole forte" dans le cadre du débat européen.

Lors de ses voeux au Français le 31 décembre, Emmanuel Macron avait annoncé qu’il proposerait "dans les prochaines semaines" son "projet européen renouvelé" censé en finir avec le "sentiment d’impuissance" et "mieux protéger les peuples" .

Le chef de l'Etat, dont l'élection en mai 2017 avait suscité une vague d'espoir chez de nombreux dirigeants européens, avait fixé le grandes lignes de son projet européen lors d'un discours à la Sorbonne en septembre 2017.

Seize mois plus tard, le soufflé est retombé et le chef de l'Etat est confronté à un contexte moins favorable, marqué par les tentations nationalistes et de repli dans certains Etats membres et une fragilisation d'Angela Merkel en Allemagne.

"Je considère que nous sommes à un moment clef du rêve européen et de l'ambition européenne que nous devons porter", a estimé dimanche dernier Emmanuel Macron dans un échange avec des journalistes en Egypte.

"Notre souveraineté, notre capacité à faire dans le siècle qui advient face à de grandes puissances comme les Etats-Unis et la Chine passe par l'Europe", a-t-il renchéri lundi devant la communauté française du Caire.

"Nous avons déjà réussi à obtenir des avancées durant l'année qui s'achève en matière de défense de commerce, d'industrie, c'est très insuffisant donc là aussi nous devons bâtir des ambitions", a-t-il ajouté.

CAMPAGNE ÉLECTORALE "DEGUISEE"

Pour faire émerger des idées et clarifier un "projet européen renouvelé", Emmanuel Macron mise sur le "grand débat national" lancé le 15 janvier pour désamorcer la crise des "Gilets jaunes" et dont les remontées du terrain, prévues pour le 15 mars, doivent permettre de nourrir la politique tant française qu'européenne de l'exécutif.

"De ce débat peut sortir une clarification de notre projet national et européen", a souligné le chef de l'Etat dans sa "lettre aux Français" publiée le 13 janvier à deux jours du coup d'envoi de cette concertation centrée sur quatre thèmes (transition écologique, fiscalité, organisation de l'Etat et démocratie et citoyenneté).

"Ce qu'à mes yeux il nous faut bâtir, c'est la réinvention du projet national et du projet européen, rien de moins", a-t-il renchéri lundi devant la communauté française du Caire. "Les élections, ce ne sont pas des rendez-vous qu'il faut négliger pour ensuite expliquer que la démocratie se jouerait dans la rue alors même qu'on n'a pas été voter", a-t-il ajouté, dans une allusion aux manifestations organisées depuis 11 semaines en France par les "Gilets jaunes".

Dans les rangs de l'opposition, les débats-marathons auxquels s'est livré le chef de l'Etat ces dernières semaines dans le cadre du grand débat ont du mal à passer et sont vus comme "une campagne électorale européenne déguisée" aux frais de l'Etat.

"Il ne faut pas confondre les deux moments", insiste-t-on dans l'entourage du président. "Le débat national porte sur des sujets nationaux mais une partie des solutions et des réponses ne peuvent pas être portées sans une dimension européenne en tête". (Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)