* Nouvelles propositions du Medef mais rien sur les contrats précaires

* La CFDT prête à négocier "jusqu'au bout" pour un accord

* Projet de loi en février en cas d'échec (Actualisé avec propositions du Medef)

PARIS, 9 janvier (Reuters) - Le Medef a présenté mercredi ses dernières propositions pour la réforme du marché du travail qui intègrent des concessions aux syndicats sur certains points mais restent muettes sur leur principale revendication, la surtaxation des contrats courts.

Le texte remis aux organisations de salariés en vue de l'ultime session de négociations prévue jeudi et vendredi prévoit ainsi la généralisation d'une assurance complémentaire santé pour tous les salariés et la "portabilité de celle-ci" pour les demandeurs d'emploi.

Le principe de "droits rechargeables" permettant à un chômeur qui reprend un emploi de ne pas perdre tous ses droits à l'assurance chômage est également entériné par le Medef, de même que celui de la participation de représentants des salariés "avec voix délibérative" au conseil d'administration des entreprises de plus de 15.000 employés.

Ces avancées dans des négociations entamées depuis début octobre risquent pourtant de rester lettre morte si le Medef, la CGPME et l'UPA, qui représentent la partie patronale, ne cèdent rien sur les contrats précaires, auxquels les entreprises ont de plus en plus recours depuis le début de la crise.

Les organisations syndicales en font une condition sine qua non de tout accord dans ces négociations qui doivent permettre de troquer une plus grande protection des salariés contre une plus grande flexibilité pour faire face à la crise, notamment sur les procédures de licenciement, du côté des employeurs.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a affiché la volonté de son organisation de négocier jusqu'au bout.

"C'est difficile mais le match est pas fini. Il finit vendredi", a-t-il déclaré sur France Info.

La porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, a exclu lors du compte rendu du conseil des ministres que la négociation se prolonge au-delà de la date butoir de vendredi.

UN PROJET DE LOI EN FÉVRIER

"Soit un accord est trouvé et un texte de loi le transpose soit nous déposerons nous-mêmes un texte de loi sur les évolutions du marché du travail", a-t-elle rappelé. Le ministre des Relations avec le Parlement, Alain Vidalies, a évoqué de son côté un projet qui serait présenté "avant fin février."

Pour Laurent Berger, laisser aux pouvoirs publics le dernier mot constituerait "un profond échec en termes de relations sociales", alors qu'aucun grand accord du genre n'a été conclu ces trente dernières années.

"Dans un moment compliqué, ça a du sens que le patronat et les syndicats se mettent d'accord sur des objectifs", a-t-il dit, "ce sont des questions tellement complexes, que ce sont les premiers impliqués dans l'entreprise, c'est-à-dire les syndicats et les patrons, qui sont les plus à même d'apporter des réponses".

Côté Medef, on justifiait mercredi le refus de discuter d'une surtaxation des contrats de travail précaires, pourtant évoquée dans la feuille de route publiée début septembre par le gouvernement pour ces négociations, par le fait que "personne n'a démontré que cela créerait un emploi de plus".

Et on soulignait à l'inverse que les employeurs ne signeraient aucun accord ne comportant pas les éléments de flexibilité dont les entreprises ont un besoin impératif pour mieux réagir face à la crise actuelle.

L'impression laissée lors de la dernière session de négociation, à la mi-décembre, était que le patronat attendrait le dernier moment pour s'attaquer à la question épineuse des contrats précaires dans l'espoir d'obtenir le maximum sur les autres points.

Il doit pour cela surmonter l'écueil des intérêts divergents entre grandes et petites entreprises, voire même entre secteurs d'activité sur la question.

Ces divergences se retrouvent sur le dossier de la couverture santé complémentaire qui concerne 3,5 millions de personnes, pour l'essentiel des salariés de petites entreprises.

Le coût de la proposition mise sur la table par le Medef est chiffré à 2,9 milliards d'euros, dont la moitié prise en charge par les employeurs, pour une mise en place étalée sur quatre ans. (Yann Le Guernigou, avec Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)