WASHINGTON, 3 janvier (Reuters) - Les responsables de la Réserve fédérale américaine ont exprimé de l'inquiétude face à la faiblesse persistante de l'inflation et jugé que la récente réforme fiscale pourrait stimuler les dépenses de consommation, au vu du compte-rendu de la réunion de politique monétaire des 12 et 13 décembre publié mercredi.

Les responsables de la Fed ont également manifesté de l'incertitude quant à l'éventualité que les mesures d'incitation fiscale exercent une pression à la hausse sur les prix.

"La plupart des participants ont renouvelé leur soutien à la poursuite d'une approche progressive au relèvement de la fourchette des taux d'intervention, notant que cette approche contribue à équilibrer les risques en matière de perspectives d'activité économique et d'inflation", explique la Fed dans les "minutes" de la réunion, au terme de laquelle elle a relevé ses taux pour la cinquième fois depuis la crise financière de 2008.

Ils ont également évoqué les deux possibilités: que les baisses d'impôts mises en oeuvre par l'administration Trump, ou les conditions favorables de financement, puissent créer des pressions inflationnistes excessives, tout en évoquant dans le même temps l'éventualité que l'inflation existante ou anticipée puisse ne pas atteindre l'objectif de 2% de la Fed.

Lors de sa réunion de décembre, la banque centrale a prévu trois hausses de taux, aussi bien en 2018 qu'en 2019, malgré une accélération anticipée de la croissance de la première économie mondiale liée à la réforme fiscale voulue par le président Donald Trump, qui a été signée le 22 décembre.

Cette réforme ramène de 35% à 21% l'impôt sur les sociétés et réduit temporairement la fiscalité de la plupart des ménages.

Selon les minutes, de nombreux responsables de la Fed "s'attendaient à ce que les baisses proposées des impôts sur les ménages stimulent les dépenses de consommation" et beaucoup d'entre eux ont jugé que la réforme de l'impôt sur les sociétés devrait apporter un soutien modeste à l'investissement.

"Toutefois, certaines sources dans les milieux d'affaires (...) ont noté que l'augmentation des flux de trésorerie qui en résulterait (...) serait plus probablement utilisée pour des fusions et acquisitions ou pour réduire la dette et racheter des actions."

En décembre, la Fed a prévu un taux de chômage ultra-faible, inférieur à 4% en 2018 et 2019, mais elle a continué à prévoir que l'inflation serait encore sous la barre des 2% fin 2018.

Le mystère de la faiblesse de l'inflation dans une économie américaine aussi vigoureuse alimente le débat depuis plusieurs mois, et c'est ce qui a motivé deux responsables de la Fed à voter contre le relèvement de taux décidé le mois dernier.

Les dernières minutes montrent également qu'alors que les participants à la réunion s'attendaient généralement à un retour à moyen terme de l'inflation à l'objectif de 2% la Fed, plusieurs d'entre eux ont dit que "d'autres facteurs persistants pourraient freiner l'inflation."

Extraits des minutes de la Fed (en anglais) (Lindsay Dunsmuir et Jason Lange, Juliette Rouillon pour le service français)