* Les ventes 2016 sont tombées sous les 170 mlns d'euros-sources

* Une perte nette 2016 de plus de 10,0 mlns d'euros-sces

* Chute des commandes des nouvelles collections-sces

* Un audit pour restructurer et réduire les coûts-sces

* Inquiétudes

par Pascale Denis et Astrid Wendlandt

PARIS, 12 janvier (Reuters) - Pris dans la tourmente depuis le départ de son ancien directeur artistique Alber Elbaz, Lanvin a vu ses ventes et ses résultats chuter en 2016, ont déclaré à Reuters des sources proches du dossier.

Le chiffre d'affaires consolidé de la plus ancienne maison de couture française encore en activité est tombé à moins de 170 millions d'euros, ont indiqué ces sources, contre 210,3 millions en 2015 et un sommet de 235 millions atteint en 2012.

"Les ventes tombent. Celles des premières collections de la nouvelle directrice artistique ont été très mauvaises", a indiqué une des sources.

La styliste Bouchra Jarrar, connue pour ses tailleurs aux coupes structurées, a remplacé Alber Elbaz en mars 2016 à la tête de la création des collections féminines de la griffe.

"Lanvin avait besoin d'un renouveau créatif. Malgré tout le talent d'Alber Elbaz, qui a relancé la maison, ses robes cocktail ne se vendaient plus. Il fallait du sang neuf", selon un professionnel du secteur.

Mais les résultats ne sont pas au rendez-vous, nourrissant l'inquiétude des salariés.

Les commandes des distributeurs - qui comptent pour 70% du chiffre d'affaires - ont baissé de 30% à 40% pour les collections d'été et d'hiver 2016, selon les mêmes sources.

Seules les ventes de la mode masculine, conçue par le néerlandais Lucas Ossendrijver, résistent et demeurent en croissance.

Le résultat net devrait quant à lui à nouveau tomber dans le rouge en 2016 et accuser une perte nette qui pourrait dépasser les 10 millions d'euros, contre un bénéfice net part du groupe de 6,3 millions en 2015.

"AMBIANCE DÉLÉTÈRE"

Dans ce contexte, alors que nombre de points de ventes non rentables ont été fermés, un audit a été commandité à la mi-octobre au cabinet Long Term Partners par la directrice générale de Lanvin Michèle Huiban, visant à restructurer le groupe et à réduire ses coûts.

Ses conclusions sont attendues fin janvier et font craindre d'importantes suppressions d'effectifs.

La société Jeanne Lanvin SA emploie 330 personnes en France et le groupe, avec ses filiales internationales, un millier.

"L'inquiétude grandit sur l'avenir même de Lanvin", note une des sources, pour qui "la direction comme les actionnaires manquent de vision stratégique et d'expertise pour accompagner une marque aussi prestigieuse et ancienne".

Interrogée, la société s'est refusée à tout commentaire tandis que Long Term Partners n'a pas répondu aux sollicitations de Reuters et que l'actionnaire majoritaire de l'entreprise, la milliardaire chinoise Shaw-Lan Wang, n'était pas joignable.

Shaw-Lan Wang (75 ans) contrôle 75% du capital de Lanvin, le solde étant détenu par l'homme d'affaires Ralph Bartel.

"L'ambiance est délétère et le malaise grandit au sein des salariés", a ajouté une des sources.

Au cours de l'année écoulée, nombre de cadres ont quitté la maison, comme le directeur de la production, en poste depuis 10 ans, ou la directrice des collections, remplacée deux fois en l'espace de huit mois.

Dès avant le lancement des soldes, la marque proposait sur son site des rabais de 50% sur des articles de mode ou de maroquinerie.

Limogé pour conflit sur la stratégie de l'entreprise, Alber Elbaz avait quitté Lanvin en octobre 2015 après 14 ans à la tête de la création féminine de la griffe.

(Edité par Dominique Rodriguez)