BRUXELLES, 21 janvier (Reuters) - Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a subi mardi à Bruxelles, où il effectuait sa première visite en cinq ans, les critiques des Européens concernant la reprise en main par Ankara de la police et de la justice en Turquie.

Le chef du gouvernement a ordonné le limogeage de centaines de policiers et magistrats qu'il soupçonne d'être impliqués dans un complot destiné à le faire chuter par le biais d'une enquête pour corruption révélée à la mi-décembre.

Cette opération a refroidi les relations entre Ankara et l'Union européenne au moment même où le très lent processus d'adhésion de la Turquie semblait regagner un peu d'élan, avec l'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations en novembre.

"Il est important de ne pas revenir sur les progrès accomplis et de garantir que la justice est capable de fonctionner sans discrimination ni préférence", a déclaré le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy.

Lors d'une conférence de presse avec Erdogan, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a souligné que le respect de l'Etat de droit et l'indépendance de la justice étaient des principes fondamentaux de la démocratie et des conditions essentielles d'appartenance à l'Union européenne.

"Quels que soit le problème, nous pensons que la solution doit respecter les principes de l'Etat de droit et de la séparation des pouvoirs", a dit Barroso, ce à quoi Erdogan a rétorqué que ce genre de sujet ne se débat pas en public.

"Au lieu de communiquer (ces critiques) via les médias, nous devrions en parler dans le cadre de nos entretiens bilatéraux par le biais de nos ministres concernés", a dit le Premier ministre turc.

Recep Tayyip Erdogan a toutefois signalé qu'un projet de loi accordant davantage de pouvoir au gouvernement dans la nomination des juges et procureurs, qui a particulièrement alarmé Bruxelles, serait révisé pour tenir compte des préoccupations de l'UE.

Ankara a parallèlement annoncé mardi soir la mutation d'une centaine de magistrats. ( ) (Adrian Croft, Orhan Coskun; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)