BERLIN, 27 janvier (Reuters) - Mario Draghi, président de la Banque centrale européenne (BCE), a exprimé son désaccord avec le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble au sujet de Chypre, estimant que si l'on n'apportait pas une aide au pays, toute la zone euro pourrait à nouveau être en danger, rapporte dimanche Der Spiegel.

Fragilisé par l'exposition de ses banques à la Grèce, Chypre a demandé un plan d'aide financier international en juin mais certains pays , Allemagne en tête, se montrent toutefois réticents à débloquer une telle aide, au nom d'une transparence financière du pays jugée insuffisante.

Sans donner des sources, Der Spiegel rapporte que Mario Draghi a vivement contesté l'opinion de Wolfgang Schäuble, pour qui Chypre ne pose pas de risque systémique.

Le magazine ajoute que, lors d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, le président de la BCE a rappelé à Wolfgang Schäuble que les deux principales banques chypriotes avaient un vaste réseau d'agences en Grèce.

Selon Mario Draghi, toute inquiétude des épargnants sur leurs dépôts pourrait remettre en cause le calme relatif revenu en Grèce, le pays à l'origine de la crise de la dette de la zone euro.

Wolfgang Schäuble ne cesse de répéter qu'il n'est pas encore sûr "que les problèmes de Chypre puissent être un danger pour la zone euro dans son ensemble".

Selon Der Spiegel, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires Olli Rehn ainsi que Klaus Regling, président du Mécanisme européen de stabilité (MES) ont pris le parti de Mario Draghi sur la question chypriote.

"Une faillite de Chypre remettrait en cause les nouvelles positives qui ont récemment conduit à un apaisement des tensions dans la zone euro", a encore dit la président de la BCE à Wolfgang Schäuble, selon le magazine.

En début de semaine, Jörg Asmussen, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE), avait déclaré que les problèmes financiers de Chypre ne devaient pas être sous-estimés car ils pourraient encore faire flancher la fragile confiance en zone euro. (voir )

Jörg Asmussen retient le mois de mars comme possible moment de finalisation d'un soutien international, qui pourrait atteindre 17 milliards d'euros, soit l'équivalent du produit intérieur brut (PIB) de Chypre.

Deux semaines après Moody's, Fitch a déclassé vendredi la note souveraine de Chypre, l'agence de notation estimant que l'Etat devra vraisemblablement consacrer plus de sommes que prévu au sauvetage du secteur bancaire du pays. (Gareth Jones, Benoît Van Overstraeten pour le service français)