(Actualisé avec détails, bilan.)

par Gary McWilliams et Ernest Scheyder

HOUSTON, Texas, 29 août (Reuters) - Donald Trump est arrivé mardi au Texas pour évaluer la réponse des autorités locales et fédérales à la tempête tropicale Harvey, première catastrophe naturelle majeure depuis son arrivée à la Maison blanche.

Les autorités locales s'emploient à faire face aux inondations historiques provoquées par ce phénomène cyclonique, qui stationne depuis quatre jours au-dessus de la région de Houston, a déjà fait onze morts et des dégâts estimés à plusieurs milliards de dollars.

Les autorités du comté de Brazoria, à la périphérie de Houston, une agglomération de 6,8 millions d'habitants, ont annoncé mardi que des brèches avaient été observées sur une digue de la région de Columbia Lakes. Elles ont appelé tous les habitants à évacuer immédiatement la zone.

Les autorités d'un autre comté, celui de Harris, ont déclaré que les réservoirs de la région de Houston commençaient à déborder et prévenu que de nouveaux lâchers d'eau seraient nécessaires pour soulager la pression sur deux barrages mais qu'ils devraient aggraver les inondations dans les zones proches de Buffalo Bayou, une rivière qui traverse le centre de Houston, encore épargné par les crues.

"C'est quelque chose que nous n'avons encore jamais vu", a commenté Jeff Linder, un météorologue local. "Nous ne savons pas avec certitude comment l'eau va réagir", a-t-il dit.

LE SOUVENIR DE KATRINA

Donald Trump est arrivé dans l'après-midi à Corpus Christi, ville sur le Golfe du Mexique où Harvey, à l'époque ouragan de niveau 4, a touché terre vendredi.

Il s'agissait de l'ouragan le plus puissant à frapper le Texas depuis une cinquantaine d'années. Harvey a depuis été rétrogradé en tempête tropicale mais les pluies torrentielles qu'elle déverse et sa faible vitesse de déplacement provoquent des dégâts plus considérables encore que les vents violents des premières heures.

Le président américain s'est adressé aux personnes sinistrés de la ville, réunies en nombre.

"Cet ouragan, c'est exceptionnel. Mais vous savez quoi, c'est arrivé au Texas et le Texas peut tout surmonter", a-t-il dit, avant d'agiter un drapeau bleu, blanc et rouge du Texas.

Donald Trump devait ensuite se rendre à Austin, la capitale du Texas, pour s'entretenir avec les autorités de l'Etat et visiter le centre de coordination des secours. Houston ne figure pas sur son itinéraire car la région est pratiquement inaccessible.

Donald Trump veut éviter de reproduire les erreurs de George W. Bush, dont la lenteur de la réaction à l'ouragan Katrina, qui avait fait 1.800 morts dans la région de la Nouvelle-Orléans en 2005, avait été vivement critiquée.

Le maire de La Nouvelle-Orléans, Mitch Landrieu, a adressé un message de solidarité aux habitants de Houston à l'occasion du 12e anniversaire de la catastrophe.

Au Texas, des milliers de membres de la Garde nationale, de policiers et de secouristes viennent en aide aux habitants piégés par les inondations qui ont transformé les rues en rivières et les pistes des aéroports en lacs.

Quelque 3.500 personnes ont ainsi été secourues depuis le début des crues.

De nombreux pillards ont été interpellés dans la nuit, a déclaré la police, mais le maire de Houston, Sylvester Turner, a pour l'instant écarté la mise en place d'un couvre-feu.

Selon le service national de météorologie, Harvey a établi mardi matin un record de précipitations pour une tempête tropicale au Texas avec 125,3 cm relevés sur un site au sud-est de Houston. Le précédent record remontait au passage de la tempête tropicale Amelia en 1978.

JUSQU'À 30.000 ÉVACUÉS

Les pluies diluviennes devraient continuer à tomber jusqu'à jeudi sur la côte du Texas et dans le sud-ouest de la Louisiane, où l'état d'urgence a aussi été décrété. Donald Trump pourrait aussi s'y rendre après sa visite au Texas.

"Il est très difficile de prévoir la durée et la trajectoire de ces phénomènes tropicaux stationnaires", souligne Alek Krautmann, un responsable des services météorologiques de Louisiane.

Les écoles, bâtiments publics, lignes ferroviaires et aéroports demeurent fermés à Houston, la quatrième ville du pays.

Quelque 250.000 habitants sont privés d'électricité et des centaines de routes sont inondées jusqu'à hauteur de poitrine, rendant tout déplacement impossible.

Parmi les victimes recensées depuis le début de la catastrophe figure une famille de deux adultes et quatre enfants dont la camionnette a été emportée par les eaux en crue, ont dit les autorités.

Les services d'urgence s'attendent à devoir héberger jusqu'à 30.000 personnes dans les centres d'évacuation, dont certains ont été établis à Dallas et Austin.

Neuf mille évacués ont été regroupés dans le George R. Brown Convention Center de Houston, où la Croix-Rouge leur fournit des repas et des vêtements.

"J'essaie de rester fort", déclare Julio Gamez, 35 ans, qui a évacué sa maison avec sa femme samedi soir, alors que l'eau n'était plus qu'à 30 cm de son toit. "On a tout perdu. Mais au moins, on est sains et saufs." (Tangi Salaün, Jean-Stéphane Brosse et Arthur Connan pour le service français)