(Actualisé avec accord du DUP)

par Kate Holton et David Milliken

LONDRES, 10 juin (Reuters) - Deux éminences grises de Theresa May ont présenté samedi leur démission, à la suite des critiques soutenues qu'elles ont essuyées au sein du Parti conservateur sur la manière dont elles ont conduit la campagne des Tories pour les législatives de jeudi dernier.

Les Tories, tout en restant le premier parti représenté aux Communes, ont perdu leur majorité absolue, alors que la Première ministre britannique avait convoqué ces élections anticipées pour accroître la majorité dont elle disposait dans la chambre sortante.

Un des deux directeurs de cabinet de la Première ministre britannique, Nick Timothy, qui a été un des stratèges de la campagne des conservateurs pour les législatives, a annoncé samedi sa démission sur le site internet conservativehome.

L'autre directrice de cabinet de Theresa May, Fiona Hill, qui joué elle aussi un rôle majeur dans la stratégie électorale des Tories, a elle aussi présenté sa démission, rapporte de son côté la BBC.

"La raison de ce résultat décevant n'est pas le manque de soutien à Theresa May et aux conservateurs, mais un regain inattendu de soutien pour les travaillistes", écrit Timothy.

"J'assume ma part de responsabilité dans la campagne électorale, à savoir la supervision de notre programme politique. Je regrette tout particulièrement la décision de ne pas inscrire dans le programme électoral un plafond ainsi qu'un plancher concernant nos propositions pour remédier à l'augmentation des dépenses sociales", ajoute-t-il.

DÉBUT DES NÉGOCIATIONS LE 19 JUIN

La presse conservatrice s'en est prise violemment à Theresa May, samedi, se demandant si elle pouvait rester au pouvoir, deux mois seulement après avoir lancé officiellement le processus de divorce du Royaume-Uni avec le reste de l'Union européenne.

A en croire le Sun, certaines personnalités du Parti conservateur ont juré de se débarrasser de la Première ministre mais vont attendre au moins six mois, car ils craignent que des luttes à la tête des Tories ne favorisent une arrivée au pouvoir du leader travailliste Jeremy Corbyn, dont le Labour a fait très bonne figure lors du scrutin de jeudi, terminant deuxième derrière les conservateurs.

"Elle va rester, pour le moment", a-t-on dit de source conservatrice à Reuters.

Un parlementaire conservateur de haut rang, Gavin Williamson, était à Belfast samedi pour tenter d'obtenir l'appui du Parti unioniste démocrate (DUP, pro-Brexit) qui a décroché dix sièges jeudi et dont le soutien permettrait à Theresa May de retrouver une majorité aux Communes.

Selon la Press Association britannique, qui cite le 10 Downing Street, le DUP a accepté de lui apporter un soutien informel mais pas de former une coalition en bonne et due forme.

Les deux partis partagent de nombreux points de vue, mais on ignore encore le prix qu'exigeront les unionistes pour se ranger à l'avis des conservateurs. Plusieurs députés tories, notamment l'Ecossais Ruth Davidson, ont souligné leurs craintes quant à l'opposition du DUP au mariage homosexuel.

Après avoir confirmé vendredi que ses cinq ministres-clés, dont celui des Finances Philip Hammond, conserveraient leur portefeuille dans le nouveau gouvernement, Theresa May doit désigner le reste de son équipe.

Elle a assuré que les négociations sur le "Brexit" débuteraient bien le 19 juin comme prévu, le même jour que la session inaugurale du nouveau parlement. (Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)