WASHINGTON, 14 janvier (Reuters) - Michael Flynn, futur conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, a eu cinq conversations téléphoniques avec l'ambassadeur de Russie à Washington le jour où Barack Obama a pris des mesures pour sanctionner l'ingérence de Moscou dans la dernière campagne présidentielle américaine, a-t-on appris vendredi auprès de trois personnes au fait du dossier.

Ces conversations ont eu lieu entre le moment où l'ambassade de Russie a été informée des sanctions américains, le 29 décembre, et l'annonce par le président russe Vladimir Poutine le lendemain qu'il avait décidé de ne pas riposter à ces sanctions, explique-t-on sous le sceau de l'anonymat.

Cette révélation, faite à l'origine par le Washington Post, pose question sur les contacts entre les conseillers de Trump et les officiels russes, à un moment où les services de renseignement américains affirment que Moscou a mené une campagne de piratage informatique et d'autres actions pour favoriser les chances de Donald Trump de remporter la présidentielle face à la démocrate Hillary Clinton.

Le 29 décembre, Barack Obama a annoncé avoir ordonné l'expulsion de 35 diplomates russes soupçonnés d'être des espions et a imposé des sanctions à l'encontre de deux agences de renseignement russes pour leur implication dans le piratage de groupes politiques américains.

L'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Sergueï Kislyak, a été informé par le gouvernement Obama une heure avant que la décision ne soit rendue publique, explique-t-on.

Un responsable de l'équipe de Donald Trump a confirmé une conversation téléphonique entre Flynn et Kislyak le 29 décembre et indiqué que d'après ce qu'il savait, les deux hommes n'avaient pas discuté des sanctions.

Michael Flynn est un ancien général d'armée qui a été Directeur du renseignement national (DNI) sous Barack Obama.

Les trois personnes interrogées par Reuters ont dit ne pas savoir qui était à l'origine des cinq appels entre Flynn et Kislyak ni quel était la teneur des conversations. Elles n'ont pas voulu dire non plus comment elles avaient été au courant de ces entretiens téléphoniques.

RIEN D'ILLÉGAL

Une de ces personnes a souligné qu'en soi, il n'y avait rien de bizarre ou d'illégal de voir un diplomate russe s'entretenir avec un membre de l'équipe Trump après l'annonce des sanctions américaines. Moscou a sans doute voulu savoir ce que le prochain président républicain pensait des mesures prises par son prédécesseur démocrate.

Le porte-parole du département d'Etat, Mark Toner, s'est exprimé dans le même sens vendredi.

Les deux autres personnes soulignent toutefois que le moment des conversations font se demander si Michael Flynn a pu donner à Kislyak des assurances pour calmer la Russie après la décision de Barack Obama.

Si ce devait être le cas, cela pourrait être contraire à une loi datant de 1799, la loi Logan, qui interdit à tout citoyen dont ce n'est pas la fonction de négocier avec des gouvernements étrangers ayant des contentieux avec les Etats-Unis.

Selon une des sources, la décision de Barack Obama "a pris les Russes par surprise". Les autorités russes ont menacé de fermer l'Anglo-American School of Moscou, explique-t-on. Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a proposé de procéder à autant d'expulsions en représailles.

Mais le 30 décembre, Vladimir Poutine a annoncé qu'il ne riposterait pas. Donald Trump l'a félicité pour cette décision. "J'ai toujours su qu'il était très intelligent!", a réagi le futur président des Etats-Unis sur Twitter.

Le porte-parole de Trump, Sean Spicer, avait auparavant indiqué vendredi que Flynn et Kislyak s'étaient entretenus le 28 décembre, la veille de annonce des expulsions par Washington.

Puis un responsable de l'équipe Trump a ensuite dit que les deux hommes avaient eu un entretien le 29 décembre pour organiser un échange téléphonique entre Trump et Poutine après l'entrée en fonction du premier le 20 janvier. Ce responsable a dit n'être au courant que d'une conversation téléphonique entre les deux ce jour-là et dit ne pas savoir s'il y en a eu d'autres par la suite.

Après l'élection du 8 novembre, le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov avait déclaré à l'agence de presse russe Interfax que le gouvernement russe avaient été en contact avec des membres de l'équipe politique de Trump durant la campagne électorale et qu'ils connaissaient la quasi-totalité de son entourage. (Avec Warren Strobel, Emily Stephenson, Ayesha Rascoe et Susan Heavey; Danielle Rouquié pour le service français)