BAGDAD, 24 janvier (Reuters) - Le nouvel ambassadeur d'Arabie saoudite à Bagdad a provoqué la colère de parlementaires chiites en estimant que la présence de milices chiites dans la lutte contre l'organisation sunnite Etat islamique (EI) exacerbait les tensions religieuses en Irak.

Dans une interview diffusée samedi par la chaîne irakienne Al Soumaria TV, Thamer al Sabhan a ajouté que les groupes paramilitaires chiites regroupés depuis 2014 au sein de la coalition Hachid Chaabi devraient se retirer des opérations militaires contre le groupe djihadiste d'Abou Bakr al Baghdadi.

"Cette ingérence dans les Hachid Chaabi (...), ça ne le regarde pas. Il doit respecter les usages diplomatiques", a réagi dimanche Khalid al Assadi, membre chiite de la commission parlementaire des Affaires étrangères.

"Si de telles ingérences devaient se répéter, il y aurait des appels pour déclarer l'ambassadeur persona non grata et demander au roi d'Arabie saoudite de le remplacer", a-t-il poursuivi.

Assadi, contacté par téléphone, a indiqué qu'il avait demandé au ministère des Affaires étrangères de convoquer le diplomate saoudien. Aucun commentaire n'a pu être obtenu auprès du ministère.

Cité par la chaîne Al Soumaria, un autre élu chiite du Parlement, Awatef Nemah, a appelé lui à l'expulsion immédiate de l'ambassadeur saoudien. "Il pourrait à défaut s'exposer à des graves conséquences", a-t-il ajouté.

La réouverture en décembre de l'ambassade d'Arabie saoudite à Bagdad, fermée depuis l'invasion du Koweït par l'Irak de Saddam Hussein en 1990, a été interprétée comme une étape sur la voie d'une plus grande coopération en matière de sécurité et de lutte contre l'extrémisme.

Le royaume sunnite a longtemps accusé l'Irak d'être trop proche de l'Iran chiite, son principal adversaire régional, et de faire preuve de discrimination à l'encontre de la minorité sunnite, accusation rejetée par Bagdad. (Maher Chmaytelli et Stephen Kalin; Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)