QUETTA, Pakistan, 2 janvier (Reuters) - Les services de santé pakistanais ont annoncé lundi le lancement d'une campagne spéciale d'immunisation contre la polio dans la ville de Quetta (sud-ouest), où la présence d'une souche rare du virus a été identifiée.

Les autorités ont précisé avoir recruté des religieux musulmans pour promouvoir la vaccination de quelque 400.000 enfants de la province du Balouchistan.

De précédentes campagnes d'immunisation contre la polio au Pakistan se sont heurtées à des résistances et ont provoqué des actes de violence contre le personnel médical. En janvier 2016, un kamikaze a tué 15 personnes en déclenchant sa ceinture d'explosifs devant un centre de vaccination de Quetta. L'attentat a été revendiqué par le mouvement des taliban pakistanais et un autre groupe armé, le Jundullah.

Ces groupes affirment que les campagnes de vaccination servent de couverture à des opérations d'espionnage menées par des services occidentaux.

Le médecin pakistanais impliqué dans la localisation de la cache d'Oussama ben Laden, tué en mai 2011 dans un raid des forces spéciales américaines à Abbottabad, a notamment été accusé d'avoir prélevé par ce prétexte des échantillons d'ADN qui ont accéléré la traque du chef d'Al Qaïda.

Considéré comme un traître par nombre de Pakistanais, un temps condamné à 33 ans de prison pour appartenance à un groupe armé puis accusé en 2013 de la mort d'un de ses patients survenue huit ans plus tôt, le Dr Shakil Afridi est toujours en prison.

Le Pakistan est avec l'Afghanistan et le Nigeria l'un des trois derniers pays de la planète où la poliomyélite est encore endémique.

La souche de Type 2 du virus responsable de cette maladie infantile attaquant le système nerveux et se manifestant par des paralysies a été identifiée dans des échantillons d'eaux usées prélevées en novembre à Quetta par des équipes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). (Gul Yousafzai; Henri-Pierre André pour le service français)