(Actualisé avec précisions, point sur la situation)

par Ange Aboa

BOUAKE, Côte d'Ivoire, 14 janvier (Reuters) - Un accord a été conclu vendredi soir entre le gouvernement ivoirien et les militaires en colère pour mettre fin au différend sur le versement des primes dans l'armée qui menaçait de dégénérer en mutinerie de grande ampleur, ont annoncé ceux qui négocient pour les mutins.

Le gouvernement n'a pas confirmé qu'il y ait eu accord. En outre, il n'a pas non plus été dit si les termes de l'accord avaient été acceptés par les soldats de la base, qui sont descendus vendredi dans les rues de différentes localités dont Bouaké, la deuxième ville du pays.

Les soldats, qui sont pour la plupart d'anciens rebelles incorporés dans l'armée, ont commencé à se révolter à Bouaké vendredi dernier. Le mouvement a rapidement pris de l'ampleur jusqu'à ce que le gouvernement se plie aux exigences des mutins et conclue un accord samedi dernier.

Mais les mutins se sont plaints de ne pas avoir touché les primes promises par le gouvernement, soit 12 millions de francs CFA par personne (environ 18.000 euros), dont le versement aurait dû commencer lundi, selon eux après l'accord conclu samedi dernier.

"Vous sommes parvenus à un accord. Ils paieront cinq millions lundi et le reste chaque mois", a déclaré à Reuters le sergent Mamadou Koné, un des négociateurs pour les mutins. "Nous n'en n'avons pas encore terminé, mais c'est la chose la plus importante."

TIRS SPORADIQUES

Auparavant, les soldats avaient semblé vouloir relancer leur mutinerie. A la tombée de la nuit, certains d'entre eux avaient bouclé Bouaké, alors même que la délégation dirigée par le ministre de la Défense, Alain Richard Donwahi, discutait avec les chefs des mutins à l'intérieur de la ville.

A Abidjan, la capitale commerciale du pays, des tirs ont été entendus dans des bases militaires. Dans le nord du pays, les routes d'accès à Korhogo ont été bloquées par des soldats.

A l'extérieur du lieu où se tenaient les négociations à Bouaké, des tirs puissants ont été brièvement entendus, les mutins expliquant qu'il s'agissait de soldats exprimant leur frustration parce qu'ils pensaient que le gouvernement voulait revenir sur ses promesses.

Des tirs sporadiques se sont poursuivis pendant toute la soirée tandis que les réseaux téléphoniques semblaient avoir été coupés.

Le ministre de la Défense, sa délégation et les négociateurs pour les mutins avaient été retenus pendant plusieurs heures lors d'un incident similaire lors de la première phase des négociations samedi dernier.

Vendredi, un dirigeant mutin a déclaré que le ministre et sa délégation n'étaient pas menacés.

"Ils sont toujours là, mais nous les laisserons partir après. Le ministre et sa délégation rentreront chez eux sans problème", a déclaré le militaire, qui a requis l'anonymat.

La Côte d'Ivoire connaît une forte croissance économique mais doit encore résoudre un certain nombre de problèmes hérités des années de guerre civile et de difficultés politiques.

Le gouvernement n'a pas réussi à réformer l'armée, qui demeure un patchwork d'ancien combattants rebelles et de soldats restés fidèles au gouvernement durant la crise qui a secoué le pays entre 2002 et 2011. Des chaînes parallèles de commandement perdurent. (Ange Aboa; Danielle Rouquié pour le service français)