SAN DIEGO, 4 janvier (Reuters) - Les banques centrales ont sacrifié une partie de leur précieuse indépendance politique en s'engageant dans des politiques quasi-budgétaires pour tenter de réparer les dégats causés par la crise financière mondiale, a estimé vendredi un haut responsable de la Réserve fédérale américaine, en visant notamment la Banque centrale européenne (BCE).

James Bullard, le président de la Fed de Saint-Louis, a jugé que le programme d'achats d'obligations d'Etat de la BCE (les "opérations monétaires sur titres" ou OMT) constituait une "budgétisation" de la politique monétaire et que cela avait affaibli la capacité de riposte de la BCE à la récession en Europe.

"Pourquoi ? A tous points de vue, le processus de politique monétaire a été handicapé par des désaccords politiques sur les OMT et d'autres programmes", a-t-il dit dans un discours qu'il devait prononcer lors d'une réunion de l'American Economic Association consacrée à l'indépendance des banques centrales.

Les OMT, dont la BCE a annoncé les modalités en septembe mais qu'elle n'a pas encore mis en oeuvre car elles supposent une demande formelle de la part d'un Etat, prévoient des achats potentiellement illimités d'obligations souveraines pour faire baisser les coûts de financement des pays en difficulté.

La Fed a elle aussi été accusée de s'engager sur le terrain de la politique budgétaire, censé être l'apanage du pouvoir politique aux Etats-Unis. (Alister Bull et Ann Saphir, Marc Angrand pour le service français)