Londres (awp/afp) - LA l'heure de la transition énergétique, le cuivre, jadis modeste, devient plus convoité que le diamant ou le platine. Son cours flambe à des records et les mines de métal rouge font l'objet d'âpres batailles boursières.

La demande verte a d'ailleurs poussé le cours du métal à son plus haut historique lundi, à 11'104,50 dollars la tonne.

Le géant australien BHP, qui tente de racheter son rival Anglo American, n'a pas fait mystère qu'il lorgne sur les mines de cuivre du britannique pour former un titan mondial du métal rouge.

Moins clinquant et loin du secteur du luxe, le cuivre tire ses lettres de noblesse de son utilisation pour la transition énergétique: câblage des panneaux solaires, turbines des éoliennes et solutions de stockage d'énergie comme les batteries des véhicules électriques...

Cette demande en pleine explosion s'ajoute à celle plus traditionnelle, pour la construction par exemple.

Et la production peine à suivre. "Dans un projet minier aujourd'hui, pour faire 200.000 tonnes de cuivre, il faut 10 milliards de dollars, et vous les obtiendrez dans 10 ans", souligne Philippe Chalmin, principal coordinateur du guide des matières premières Cyclope.

Entre gisements vieillissants, difficultés à découvrir de nouvelles mines, et une extraction toujours plus coûteuse, il n'est pas étonnant qu'un géant comme BHP préfère racheter une société rivale aux ressources confirmées.

Pour Barbara Lambrecht, analyste chez Commerzbank, "le niveau de prix désormais nettement plus élevé pourrait même stimuler la production à moyen terme".

Le ministre de l'Énergie et des Mines du Pérou Rómulo Mucho Mamani avait d'ailleurs déclaré début mai que le cours du cuivre devrait attirer les investisseurs et rétablir la confiance dans l'industrie, a rapporté la presse financière. Le Pérou est le deuxième plus grand pays producteur de cuivre, derrière le Chili.

Platine et diamants ternes

A l'inverse, BHP demanderait en cas de mariage à Anglo American de se séparer de ses actifs de platine et le britannique compte quoi qu'il en soit faire de même.

Contrairement au cuivre, le platine est menacé par le passage au énergies vertes. Il est largement utilisé dans la production de convertisseurs catalytiques contribuant à réduire les émissions nocives des moteurs à combustion.

Vu l'électrification du secteur automobile, son cours a souffert ces trois dernières années des prévisions d'un déclin à venir.

Anglo American, qui résiste jusqu'à présent aux avances de l'australien même s'il a accepté de négocier pour encore une semaine, a annoncé la semaine dernière un projet de véritable big bang, misant pour son avenir sur le cuivre, mais prévoyant la scission de plusieurs activités: le platine, et les diamants.

Cela signifie se délester de la célèbre société De Beers.

"Le diamant est plutôt en crise", affirme à l'AFP Philippe Chalmin, face à la concurrence des pierres de synthèse.

Le prix d'un diamant fabriqué en laboratoire sera généralement "inférieur de 60 à 85% au prix d'un diamant naturel de même taille et de même qualité", selon Queensmith, un joailler basé à Hatton Garden, le quartier des joailliers de Londres.

Sans oublier les controverses éthiques autour des "diamants du sang", ces pierres précieuses ayant servi à financer des conflits en Afrique, comme en Angola ou en Sierra Leone - elles ont abouti à la création du régime international de certification dit "de Kimberley".

De Beers "a perdu sa force d'autrefois, c'est à dire un quasi monopole de commercialisation", affirme Philippe Chalmin, notamment à cause de la concurrence des diamants de synthèse.

Résultat: le groupe a réalisé "une +bien petite+ année, la plus mauvaise depuis 25 ans" excepté pour la pandémie, peut-on lire dans le rapport Cyclope.

afp/jh