par Agnieszka Barteczko et Pawel Sobczak

VARSOVIE, 3 juillet (Reuters) - L'opposition polonaise appelle à manifester mardi soir contre la réforme de l'appareil judiciaire qui doit entrer en vigueur à minuit, malgré les recours de la Commission européenne.

Avec cette réforme et le renouvellement des effectifs, le parti Droit et Justice (PiS) au pouvoir a de facto pris le contrôle de l'ensemble du système judiciaire, dans lequel la Cour constitutionnelle et les procureurs dépendent désormais du ministre de la Justice.

La mesure la plus controversée doit entraîner la mise à la retraite mercredi de 40% des juges de la Cour suprême, à moins que le président Andrzej Duda, proche du PiS, ne prolonge leur mandat.

Le chef de l'Etat a annoncé mardi que Malgorzata Gersdorf, présidente de la Cour suprême et fervente adversaire de la réforme, n'avait pas demandé de prolongation et qu'elle prendrait donc sa retraite, conformément aux mesures prises par le PiS.

Michal Laskowski, porte-parole de la Cour suprême, a en revanche assuré qu'elle viendrait travailler normalement le 4 juillet. "Les plans n'ont pas changé ici. Mme Gersdorf a l'intention de venir travailler demain. J'ignore ce qui se passera ensuite", a-t-il déclaré.

Les trois plus importants partis d'opposition appellent à manifester à 19h00 GMT devant le siège de la Cour suprême, à Varsovie, et dans plusieurs villes de Pologne.

La Commission européenne a entamé lundi une nouvelle procédure judiciaire contre la Pologne concernant la réforme de la Cour suprême, qui, selon elle, porte atteinte à l'indépendance de l'institution.

En décembre, l'exécutif bruxellois a, pour la première fois de son histoire, invoqué l'article 7 du traité de Lisbonne pour violation de l'Etat de droit, ce qui pourrait priver la Pologne de son droit de vote au sein de l'Union. (Agnieszka Barteczko et Pawel Sobczak avec Pawel Florkiewicz, Anna Koper et Anna Wlodarczak-Semczuk, Jean-Philippe Lefief pour le service français)