Nous avions consacré un dossier spécial à l’affaire Quick. Pour rappel, nous avions publié un article en janvier 2010 traitant du rachat de la chaîne de restaurants rapides Quick par une filiale de la CDC. Nous nous étions contentés de reprendre les propos de Jean-Marie Kuhn en relatant un fait judicaire. Attaqués par Quick pour propos diffamatoires, nous avons gagné le procès en première instance. Quick a décidé de faire appel. Depuis, de nouveaux rebondissements ne finissent plus de venir compléter ce dossier, déjà bien épais.

Aujourd’hui, Jean-Marie Kuhn s’en prend à l’acquéreur, c’est-à-dire à la CDC, le bras armé de l’Etat dans l’économie française. Plus précisément, il reproche à Augustin de Romanet, l’actuel directeur général de la CDC qui ne l’était pas à l’époque, de ne pas avoir tenté de recouvrer le trop-payé au groupe d’Albert Frère.

En multipliant les plaintes en France, l’homme d’affaires lorrain espère forcer la justice à s’occuper de la partie française. Il faut dire que pour l’instant le procureur de la République a refusé d’enquêter sur le volet français du dossier.

A l’heure actuelle trois plaintes avec constitution de partie civile sont actives. Celle déposée le 24 juillet 2009 contre X auprès du Tribunal de Charleroi (Belgique) visant le pacte de corruption Frère/CDC est actuellement en cours d’instruction. Quant à celle déposée le 31 mars 2011, visant les conflits d’intérêts de Messieurs Gérard Longuet et Jean-François Cope, Jean-Marie Kuhn attend la désignation du juge d’instruction.

Enfin, il attend l’ordonnance de consignation pour la plainte déposée le 10 mai 2011 à Paris. Cette ordonnance de consignation, une fois effectuée, donnera lieu à la désignation d’un ou plusieurs juges d’instruction afin « de mettre en lumière pourquoi, comment, et sur ordre de qui sont parties toutes ces liquidités de la CDC pour enrichir Albert Frère », est-il écrit dans la plainte que nous nous sommes procurés.

Pour notre homme d’affaires, la justice française bloque la poursuite de l’enquête. Toutes les plaintes qu’il a déposées en France sont, en effet, restées sans suite. Celle déposée hier pour dénonciation calomnieuse, corruption active et passive, détournement de fonds publics, recel et complicité de recel, abus de confiance, prise illégale d’intérêts et blanchiment reprend l’ensemble des griefs déjà relevés dans les précédentes plaintes. Il y retrace les conditions de la cession de la chaîne de restauration Quick par GIB (filiale du groupe Albert Frère) à la Caisse des Dépôts fin 2006. Plus précisément il remet en cause le prix payé (800 millions d’euros) par la CDC à GIB pour racheter Quick, un montant à ses yeux largement surévalué.

Notons que dans la plainte déposée par Jean-Marie Kuhn au doyen des juges d’instruction le 10 mai 2011, Zonebourse est clairement cité comme « ayant parfaitement explicité l’affaire Quick ».

Pauline Raud