(actualisé avec contexte)

par Arshad Mohammed et Jonathan Allen

WASHINGTON, 30 janvier (Reuters) - Le département d'Etat américain a reconnu vendredi pour la première fois que les responsables des services de renseignement étaient dans le vrai quand ils disaient qu'au moins 22 courriels envoyés via la messagerie personnelle de Hillary Clinton contenaient certains des secrets d'Etat les plus "sensibles".

Ces 22 courriels, qui datent du temps où Hillary Clinton était secrétaire d'Etat, ne seront pas rendus publics dans la mesure où les informations qu'ils renferment sont classées "top secret", a expliqué le porte-parole du département d'Etat, John Kirby.

Cette annonce a été faite à trois jours du caucus de l'Iowa, toute première étape du processus des primaires en vue de la présidentielle du 8 novembre. Hillary Clinton, qui brigue l'investiture du Parti démocrate, est donnée dans cet Etat, lors du caucus du 1er février, au coude à coude avec le sénateur du Vermont Bernie Sanders, incarnation de l'aile gauche du parti.

"Ces documents n'étaient pas estampillés 'classés secrets' au moment où ils ont été envoyés", a dit Kirby, ajoutant que le département d'Etat cherchait à déterminer si les informations contenues à l'intérieur étaient ou non 'classées' au moment où elles ont transité par le compte mail privé de Hillary Clinton.

Le département d'Etat et les responsables du renseignement se querellent depuis au moins cinq mois à propos des courriels de Hillary Clinton, dont une partie a déjà été rendue publique sur ordre d'un tribunal fédéral. Le département d'Etat a maintenu, à l'origine, que Hillary Clinton pouvait avoir obtenu les mêmes informations de façon indépendante, via des canaux non 'classés'.

L'équipe de campagne de Hillary Clinton a critiqué la décision du département d'Etat de ne pas publier les 22 courriels, résultante selon elle de "dissensions bureaucratiques" et d'une "folie du secret", en ajoutant que les courriels devraient être publiés.

CERTAINS RÉCLAMENT DES POURSUITES

Certaines informations ont été censurées dans les quelque 1.300 courriels déjà rendus publics, car le département d'Etat les considère comme "classées secrètes". Mais c'est la première fois que des messages entiers sont retenus.

Les élus républicains du Congrès ont vivement reproché à Hillary Clinton d'avoir utilisé sa messagerie privée dans son travail en tant que secrétaire d'Etat de 2009 à 2013. Certains de ses adversaires républicains dans la course à la présidence, comme le gouverneur du New Jersey Chris Christie, ont réclamé des poursuites en justice.

Pour Reince Priebus, président de la commission nationale républicaine, a estimé que Hillary Clinton avait "mis en danger notre sécurité nationale et notre diplomatie".

Le gouvernement interdit de transmettre des informations classées secrètes - qu'elles soient ou non estampillées ainsi - en dehors des canaux sûrs, contrôlés par les autorités. Il lui arrive parfois de poursuivre en justice des personnes qui retirent ces informations-là des canaux jugés sûrs.

Le démocrate Adam Schiff, qui siège à la commission des renseignements de la Chambre des représentants, a défendu Hillary Clinton dans un communiqué, estimant que la qualification d'information "secrète" était "souvent très complexe" et que la secrétaire d'Etat avait "fait face aux événements de la planète en temps réel, sans le profit de plusieurs mois d'analyses a posteriori". (Eric Faye pour le service français)