Zürich (awp) - Les prix du gaz poursuivaient leur repli mardi. Le TTT, référence européenne négociée à Amsterdam a atteint son plus bas niveau depuis août 2021. Au regard des sommets affichés en août dernier à 350 euros le mégawattheure (MWh), il a dégringolé de pas moins de 85%. Le pétrole poursuivait quant à lui sa hausse.

Vers 08h50, le Title Transfer Facility (TTF), marché sur lequel se rassemblent producteurs nationaux et internationaux, sociétés de stockage, distributeurs et opérateurs de réseau de l'industrie gazière se négociait à 42,70 euros le MWh, en légère hausse de 1,31% au regard de la veille. Reste qu'en l'espace d'une semaine, le tassement s'inscrit à près de 11% et à quelque 24% sur un mois. En l'espace d'un an, le prix du TTF a plongé de plus de 81%.

Le repli en cours depuis plus de trois mois désormais, reflète notamment un hiver plutôt doux, lequel a permis aux stocks de rester au-dessus des niveaux normaux, alors que le printemps frappe à la porte. Les réservoirs de stockage de gaz européens sont remplis à 61%, le niveau le plus élevé jamais enregistré à cette époque de l'année, car la région a réduit sa consommation de gaz et a pu remplacer l'approvisionnement russe habituel par des importations de GNL en provenance des États-Unis et du Qatar.

Selon la plupart des observateurs, les investisseurs surveilleront la façon dont l'Union européenne se prépare pour l'hiver prochain, à un moment où la chute des prix pourrait stimuler la demande dans les secteurs de l'industrie et de l'électricité et où une reprise de la demande de la Chine pourrait accroître la concurrence pour le gaz naturel liquéfié.

Pétrole en hausse

Quant aux prix du pétrole, ils poursuivaient leur hausse, après avoir entamé la semaine en baisse suite aux prévisions de croissance moins fortes que prévu de la Chine, alors que le marché attend des signaux sur la politique monétaire américaine.

Mardi vers 0910, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai progressait de 0,19% à 86,33 dollars, après être parvenu à terminer la séance de lundi en progression de 0,41% à 86,18 dollars. Les 150 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en avril, prenaient quant à eux à peine 0,1% à 80,47 dollars, après avoir gagné 0,98% la veille au soir à 80,46 dollars.

Les acteurs du marché, à l'affût de tout signal sur la trajectoire des prochaines mesures de politique monétaire aux Etats-Unis, attendent particulièrement l'audition du président de la banque centrale américaine (Fed), Jerome Powell, devant le Congrès américain mardi et mercredi ainsi que la publication du rapport sur le marché du travail aux Etats-Unis en février vendredi. Edward Moya, analyste d'Oanda, note que le pétrole a ainsi repris de l'élan "en raison de l'optimisme quant à la possibilité que la Fed ne déclenche pas un atterrissage brutal" de l'économie.

Parmi les autres facteurs ayant soutenu les cours figure la décision de l'Arabie saoudite de relever dimanche le prix du pétrole qu'elle vend en Asie, estime pour sa part Robert Yawger. "Cela implique que les Saoudiens pensent que les Chinois vont augmenter leurs achats", a-t-il estimé.

Lundi, les cours avaient débuté la séance en repli dans le sillage de la publication dimanche par la Chine d'un objectif de croissance économique d'environ 5% pour 2023, l'un des plus modestes depuis des décennies. Inférieur aux prévisions, ce chiffre a poussé les investisseurs à "prendre leurs bénéfices", a avancé Stephen Innes, de SPI AM, interrogé par l'AFP. Jusque-là, les anticipations de reprise économique de l'Empire du Milieu, premier pays importateur de brut au monde, avaient poussé les prix vers le haut.

Les dernières données économiques de la Chine publiées auparavant la semaine dernière (deux indices d'activité PMI pour février très supérieurs aux attentes) avaient rassuré les investisseurs, constituant les premiers signes concrets de reprise économique depuis l'abandon des restrictions sanitaires. Le Brent a ainsi grimpé de plus de 3% la semaine passée, et le WTI américain de plus de 4%.

Mais les prévisions économiques publiées dimanche par Pékin "ont déçu lundi les investisseurs, qui espéraient un signal plus positif pour la demande chinoise", a souligné Robert Yawger de Mizuho Securities. Les cours du brut se sont malgré tout ressaisis en cours de journée, sans déclencheur particulier selon lui. "Il semble simplement que des investisseurs spéculatifs aient repris la main sur les échanges", a-t-il commenté.

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