* Le pétrole a beaucoup plus baissé que le cuivre: http://bit.ly/10kcir7

* Le cuivre très corrélé à la production industrielle: http://bit.ly/1EdnjJW

* Le cours du baril de brut peut encore reculer

* Un effet à double tranchant pour la zone euro

3 novembre (Reuters) - La chute brutale des cours du pétrole en quelques mois fait craindre une poursuite du ralentissement de la croissance mondiale, mais les cours se rapprochent d'une zone dangereuse où des forces de rappel pourraient se déclencher et le cuivre envoie un message moins inquiétant.

Les conséquences de la baisse des cours du pétrole couplée à l'affaiblissement de la devise européenne sont par ailleurs à double tranchant pour la zone euro confrontée à un risque de déflation.

Le cours du baril de Brent a dévissé depuis le début de l'été de plus de 25% par rapport à son point haut à près de 115 dollars à la fin juin. Le mouvement est un peu moins marqué en euro avec un recul de près de 21%.

Graphique de l'évolution du cours du baril de Brent en dollar et en euro depuis 2007 :

http://bit.ly/1xfIgQU

Cette forte baisse du pétrole a alimenté les inquiétudes sur une poursuite du ralentissement de la croissance mondiale mais les cours du cuivre ont beaucoup moins baissé, soulignent les analystes de Barclays.

Graphique de l'évolution comparée des cours du pétrole et du cuivre depuis début 2012 :

http://bit.ly/10kcir7

Les variations du cours du métal rouge, utilisé dans de très nombreux produits manufacturés et dans la construction, sont un bon indicateur de l'évolution de la production industrielle mondiale, rappellent-ils.

Graphique des variations du prix du cuivre et de la production industrielle mondiale :

http://bit.ly/1EdnjJW

Le net redressement du ratio cours du cuivre sur cours du Brent, lié à la plus forte baisse du second par rapport au premier, plaide aussi pour un redressement de la croissance mondiale et des marchés actions, la baisse des cours du pétrole ayant un effet stimulant sur l'activité en améliorant le pouvoir d'achat des consommateurs et en réduisant les coûts des entreprises fortement consommatrices d'énergie.

Graphique de l'évolution du ratio cuivre/Brent et de l'indice MSCI World (ex USA) :

http://bit.ly/1s8wAvd

FORCES DE RAPPEL

Le soutien potentiel de la baisse des cours du brut sur l'activité peut ainsi constituer une première force de rappel.

Entre 80 et 85 dollars le baril, le prix du Brent entre dans une zone dangereuse avec la remise en cause de la rentabilité des investissements pour le pétrole de schiste ou les forages en eaux profondes mais aussi des équilibres budgétaires des pays producteurs, préviennent les analystes de Convictions AM.

Ce dernier argument est partagé par leurs homologues de J.P. Morgan Asset Management qui relèvent que dans bon nombre de pays exportateurs d'or noir, les recettes pétrolières servent à subventionner des programmes sociaux onéreux afin de maintenir la paix intérieure.

"Si des cours pétroliers bas devaient perdurer et devenir la nouvelle norme, il pourrait en résulter une difficile période de transition pour des pays dont les soldes budgétaires dépendent du maintien des prix au-dessus de 100-110 dollars le baril et une agitation sociale voire des défaillances."

Vulnérabilité des producteurs de pétrole à la baisse des cours (graphique de JP Morgan AM) :

http://bit.ly/1qmlodQ

UN BARIL DE BRENT À 70 DOLLARS ?

Pour Alexandre Mirlicourtois, chez Xerfi, ces forces de rappel ne joueront toutefois pas de manière mécanique. Il reconnaît que la baisse des cours comporte une composante conjoncturelle et qu'avec le renversement du consensus sur les perspectives de croissance mondiale l'Agence internationale de l'énergie prévoit que la hausse de la demande de pétrole restera bloquée à un million de barils supplémentaires par jour cette année et ne dépassera pas 1,2 million de barils en 2015.

Mais pour lui, ce sont surtout les facteurs d'offre qui contribuent au nouvel ordre énergétique mondial avec une production qui dépassera cette année 92 millions de barils par jour, soit une hausse de 8,8% depuis 2006, principalement sous l'effet de l'exploitation du pétrole non conventionnel aux Etats-Unis.

La production mondiale de pétrole sans les Etats-Unis fait du surplace mais en contribuant à noyer le monde de pétrole, les Etats-Unis pèsent sciemment sur les cours, estime-t-il.

Certes, la chute des cours depuis le début de l'été aurait pu entraîner un ajustement de la production des pays réunis au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), qui se réuniront le 27 novembre à Vienne pour décider des quotas de production de l'année prochaine.

Le schéma bien connu d'un assèchement de la production pour soutenir les cours avec l'Arabie saoudite dans le rôle de grand régulateur n'a pas fonctionné jusqu'à présent, souligne Alexandre Mirlicourtois.

"Bien au contraire, l'Arabie saoudite a mis plus de barils sur le marché", relève-t-il, rappelant que le royaume saoudien doit financer les grands plans sociaux mis en place après le Printemps arabe et qu'il a sans doute intérêt, comme les Etats-Unis, à assécher les recettes pétrolières qui financent l'islamisme radical.

Mais pour l'économiste de Xerfi, l'explication est trop courte : "Les experts estiment que le coût marginal de production saoudien, c'est-à-dire le coût du puits le plus cher à exploiter, est compris entre 25 et 30 dollars le baril contre 75-80 dollars du côté du pétrole de schiste."

Une baisse prolongée des cours serait alors le moyen de disqualifier la production américaine et aussi de prévenir toute velléité de prospection en Arctique.

L'expérience des années 1980 montre toutefois qu'un effondrement des cours n'avait pas provoqué la sortie des producteurs de la mer du Nord du marché, le coût prohibitif du démantèlement des infrastructures justifiant des ventes à perte, rappelle Alexandre Mirlicourtois.

Pour lui, il existe une troisième hypothèse. "La Russie a besoin d'un baril à 110 dollars pour boucler son budget, le Venezuela à 120 et l'Iran à 140 ! Trois pays qui sont, ou ont été, dans la ligne de mire de Washington se retrouvent affaiblis. A cela s'ajoutent les retombées positives pour une Europe dont la santé inquiète les Etats-Unis."

Dans ces conditions, l'Amérique, qui se satisfait parfaitement des nouveaux standards des prix du pétrole, pourrait même encore consentir à ce qu'ils tombent jusqu'à 70 dollars, pronostique-t-il.

EFFET INCERTAIN POUR LA ZONE EURO

Les conséquences pour la zone euro de la baisse des cours du pétrole, couplée à celle de la devise européenne, n'est toutefois pas aussi favorable qu'il y paraît, préviennent les économistes de Barclays et de Natixis.

"Une dépréciation du taux de change de l'euro pondéré par les échanges extérieurs de 10% entraîne une augmentation de 0,5% du Produit intérieur brut et des prix à la consommation au cours de l'année suivante", estiment les équipes de Barclays.

Mais "une baisse de 10% du cours du Brent réduit les prix à la consommation de 0,1% avec peu d'effet de retard, tandis que son effet sur la production est positif mais négligeable".

Dans un environnement où les perspectives économiques restent très faibles et l'inflation trop basse, et où les risques de déflation sont à la hausse, la BCE peut difficilement se donner le temps d'attendre pour voir si l'effet euro l'emportera sur l'effet pétrole, estiment-elles.

Pour les économistes de Natixis, la baisse des cours du pétrole dans un contexte d'inflation déjà faible pourrait avoir un double effet négatif pour la zone euro. En déprimant un peu plus les prix, elle augmenterait le poids des dettes en termes réels, tandis que les éventuels gains de pouvoir d'achat pour les ménages risquent d'être sans lendemain si la timide reprise des salaires nominaux venait à caler, les hausses de salaires dépendant des anticipations d'inflation.

Sources :

* Et si le baril de pétrole retombait à 60 dollars ? XerfiCanal. 3 novembre 2014. http://bit.ly/1o9iA88

* Le prix du baril de pétrole entre dans une zone dangereuse. Convictions AM. Novembre 2014.

* Profitons de la baisse des prix du pétrole. Philippe Waechter. Natixis Asset Management. 28 octobre 2014.

http://bit.ly/1ulPpRY

* Prix d'équilibre du pétrole pour une sélection de marchés émergents. Réflexion de la semaine. Synthèse hebdomadaire. J.P. Morgan Asset Management. 27 octobre 2014.

* Oil versus Copper : why global growth is likely not as bad as feared... Global Macro Daily. Barclays. 24 octobre 2014.

* What lower oil prices means for FX. Global Macro Daily. Barclays. 22 octobre 2014.

* Oil shock at the zero bound : A curse for the eurozone. Macro Research. Natixis. 15 octobre 2014.

* Assessing the impact of lower oil prices and the euro on growth, inflation and the ECB policy. Euro themes. Barclays. 17 octobre 2014.

Sur le même thème :

* ANALYSIS-Oil price declines have small-cap shale investors scrambling

* The Global Drop in oil prices. Reuters Insider. http://reut.rs/1GeWqHe

* Marchés-Premier reflux des pétrodollars depuis 18 ans-BNP (Marc Joanny, édité par Dominique Rodriguez)