Les banques en question sont Monte dei Paschi di Siena, UniCredit, Intesa Sanpaolo, BNL, filiale de BNP Paribas, et Credem.

Intesa a fait savoir que cette enquête remontait à 2010 et avait trait à sa filiale Banco di Naponi. Elle a ajouté que les opérations concernées étaient "négligeables" et n'avait eu aucun impact tangible sur les comptes.

L'enquête n'a rien à voir avec un scandale déclenché la semaine dernière et impliquant Monte Paschi, la plus ancienne banque du monde, qui a révélé que des opérations troubles sur des dérivés pouvaient lui avoir coûté 720 millions d'euros.

L'enquête de Trani a été ouverte il y a au moins un an à la suite d'une plainte d'un client mais les noms de trois des banques concernées n'ont été révélés que vendredi.

Les investigations portent aussi sur une éventuelle manipulation de l'Euribor, équivalent en euro du Libor, ce dernier taux étant lui-même au coeur d'un scandale de manipulation donnant lieu à une enquête au niveau mondial.

Selon les sources, des dizaines de personnes sont concernées par cette enquête, étant soupçonnées d'escroquerie et d'usure.

L'action Monte Paschi a terminé en baisse de 5,9%, l'action UniCredit a cédé 2,6% et Intesa Sanpaolo a laissé 2,9%, tandis que l'indice boursier FTSE MIB n'a perdu que 0,7%.

Monte Paschi, BNP Paribas et Credem n'ont fait aucun commentaire dans l'immédiat. "Pour le moment, nous n'avons pas connaissance de la moindre enquête à Trani", a dit un porte-parole d'UniCredit.

"COUTEUSE AUGMENTATION DE CAPITAL"

Quant à l'affaire Monte Paschi proprement dite, des sources proches du dossier ont dit vendredi que la fondation caritative qui contrôle la banque s'était lourdement endettée et avait entrepris des transactions sur dérivés risquées avec le consentement tacite du Trésor.

Les fondations à but non lucratif sont de gros actionnaires de toutes les grandes banques italiennes. Elles sont censées employer leurs dividendes à des projets sociaux et culturels.

En 2011, le Trésor a autorisé la fondation, déjà endettée, à prendre part à l'augmentation de capital de la banque, son exposition étant ainsi plus que doublée.

Lors d'une réunion avec les grandes banques en mars, le Trésor avait insisté sur le fait que les fondations devaient aider les banques affaiblies par la crise de la zone euro, poussant ainsi celle de Monte Paschi à souscrire à l'augmentation de capital, a dit une source proche de la fondation.

"La fondation a emprunté pour prendre part à une coûteuse augmentation de capital et le Trésor a approuvé toutes ces opérations", a dit un banquier ayant une connaissance directe de la situation.

Suivant le droit italien, la dette des fondations ne peut dépasser 20% de l'actif net mais celle de Monte Paschi a été autorisée à aller au-delà, a expliqué l'une des sources.

Une troisième source bien informée a déclaré toutefois que le Trésor disposait de pouvoirs limités pour imposer le moindre veto aux décisions de la fondation et ajouté que l'institution avait dans un premier temps suffisamment de capital pour rejoindre l'appel public à l'épargne de la banque.

Monte Paschi, sa fondation et le Trésor se sont abstenu de tout commentaire.

Vincenzo Damiani, Silvia Aloisi, Lisa Jucca, Nicolas Delame et Wilfrid Exbrayat pour le service français