* Les rebelles prêts à ouvrir des discussions

* La pression monte pour que l'armée abandonne le pouvoir

* L'opposition est ouverte pour une cohabitation civile-militaire (Actualisé avec réaction du conseil militaire de transition)

par Edward McAllister et Mahamat Ramadane

N'DJAMENA, 25 avril (Reuters) - Le conseil militaire de transition tchadien a rejeté dimanche la proposition des rebelles du nord du Tchad de cesser le feu et d'engager des discussions, les appelant des "hors-la-loi" qui devaient être traqués et arrêtés pour le rôle qu'ils ont joué dans la mort du président Idriss Déby sur le champ de bataille.

Les rebelles du Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe formé en 2016 par des officiers militaires dissidents, se sont dit prêts dimanche à ouvrir des discussions pour trouver une solution à la crise politique.

Deux semaines plus tôt, ils pénétraient dans le nord du Tchad depuis leur base en Libye et avançaient vers le Sud.

Ils se trouvaient la semaine dernière à 200-300 kilomètres au nord de la capitale N'Djamena, avant d'être repoussés par les forces tchadiennes.

Leurs positions ont été bombardées par l'armée, selon des insurgés et des militaires. L'armée a assuré samedi avoir "annihilé" les rebelles.

"Nous faisons face à une situation qui met le Tchad en danger, ce n'est pas le moment pour de la médiation ou bien des négociations avec des 'hors-la-loi'", a dit le porte-parole Azem Bermendao Agouna.

Idriss Déby a été tué le 19 avril en rendant visite à ses troupes sur le front, juste après avoir remporté les élections. Sa mort a provoqué un choc considérable au sein du pays, l'un des alliés les plus solides des Occidentaux dans la lutte menée contre les mouvements islamistes.

Un conseil militaire de transition a été mis en place pour 18 mois à N'Djamena, présidé par le fils du président défunt, Mahamat Idriss Déby.

L'opposition tchadienne a estimé qu'il s'agissait d'un coup d'Etat. Les rebelles ont déclaré qu'ils s'opposeraient à la mise en place d'une "monarchie" et avaient promis de marcher sur N'Djamena.

"Le FACT est prêt à observer un cessez-le-feu afin de trouver un accord politique qui respecte l'indépendance et la souveraineté du Tchad et qui ne cautionne pas un coup d'Etat", a déclaré à Reuters Kingabe Ogouzeimi de Tapol, porte-parole du FACT.

UN GOUVERNEMENT CIVIL DE TRANSITION

Des représentants de la société civile locale et de l'opposition ont appelé à des manifestations pacifiques et à un dialogue national pour surmonter cette crise.

Le conseil militaire subit des pressions pour mettre en place un gouvernement civil de transition. L'Union africaine a exprimé ses inquiétudes par rapport à la prise contrôle de l'armée tandis que la France et les pouvoirs régionaux prônent une gouvernance partagée entre le civil et le militaire.

Une telle gouvernance pourrait permettre au Tchad de sortir de la crise. Le président du Niger, Mohamed Bazoum, et de la Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, jouent le rôle de médiateur pour le compte de l'Union africaine.

Un consensus semble émerger parmi l'opposition politique et la société civile pour qu'il y ait un président de transition provenant du civil et un vice-président ou un Premier ministre provenant de l'armée, ont-ils dit à Reuters.

Cette proposition s'inspire du Mali où un coup d'Etat en août dernier a suscité une vague de protestations à l'international pour que l'armée renonce au pouvoir. Un président provenant de la société civile a été nommé avec un vice-président provenant de l'armée.

"Nous sommes, pour la plupart, en faveur d'une cohabitation entre le militaire, les politiques et la société civile", a dit Mahamat Ahmat Alhabo, président du parti d'opposition pour les libertés et le développement (PLD). "Le modèle malien est très inspirant".

Tout accord nécessite néanmoins la coopération du conseil militaire. Son porte-parole Azem Bermendao Agouna a dit qu'il était ouvert à la discussion, mais a ajouté que "l'armée résoudrait tous les principaux problèmes et qu'elle organiserait des élections libres et transparentes". (Edward McAllister; version française Jean-Michel Bélot et Caroline Pailliez)