Washington (awp/afp) - La campagne de vaccination accélérée, voulue par Joe Biden, commence à porter ses fruits sur l'économie: l'assouplissement des mesures de restrictions à mesure que les Américains se font vacciner a accéléré la reprise en mars aux Etats-Unis avec 916.000 créations d'emplois, le rythme le plus élevé depuis août.

"Le rapport sur l'emploi de mars est une preuve irréfutable que, sous les démocrates du Congrès et le président Biden, l'aide est là", a réagi la responsable démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, dans un communiqué.

"Plus de 100 millions de doses de vaccins ont été injectées, plus de 100 millions de chèques ont été envoyés et près d'un milliard de dollars sont mis dans les poches des travailleurs grâce au plan de sauvetage américain", a-t-elle ajouté.

Le nombre d'emplois créés le mois dernier est bien supérieur au consensus des analystes qui tablaient sur 627.000 nouveaux emplois et proche des estimations les plus optimistes (un million).

Ce sont les secteurs des loisirs, de l'hôtellerie et de la restauration, ceux-là mêmes qui avaient été terrassés il y a un an par la pandémie de Covid-19, qui ont dynamisé l'emploi (+280.000), selon les statistiques du Département du Travail.

Le secteur de la construction, qui avait pâti du mauvais temps en février, a engrangé 110.000 nouveaux emplois et l'industrie manufacturière 53.000.

Ces données de mars sont de bon augure alors qu'elles ont été recueillies au début du mois, avant que la plupart des Etats n'élargissent l'accès aux vaccins contre le Covid-19 et avant que de nombreux Américains ne commencent à recevoir des chèques de 1.400 dollars du gouvernement fédéral dans le cadre du dernier plan d'aide de 1.900 milliards de dollars.

En d'autres termes, la croissance de l'emploi devrait être encore plus rapide en avril.

Le ministère a aussi révisé en hausse ses données pour janvier et février.

Chômage encore élevé

En mars, le taux de chômage est lui tombé à 6% contre 6,2%. Il est certes loin du sommet atteint en avril 2020 (près de 15%) mais il est supérieur aux 3,5% de février 2020, a relevé le ministère.

Le nombre d'emplois est de plus toujours inférieur de 8,4 millions à celui du pic observé avant la pandémie, ce qui signifie qu'à ce rythme, il faudra encore des mois avant un retour au niveau de début 2020.

La baisse du chômage est aussi à interpréter avec prudence puisque ce taux ne tient pas compte des millions de personnes ayant quitté le marché du travail en raison notamment de la fermeture prolongée des écoles.

Reprise inégale

Le plus grand risque pour l'économie américaine reste la pandémie elle-même.

Les cas de coronavirus augmentent à nouveau dans une partie du pays alors que de nombreux Etats ont assoupli les restrictions avec l'ouverture des restaurants, des salles de cinémas, des salles de gym et des spas par exemple.

Le pays enregistre encore en moyenne 62.000 cas par jour.

Mais nombre d'économistes ne s'attendent pas à un nouveau ralentissement de l'emploi comme cela avait été le cas à l'automne.

Car la campagne de vaccination bat son plein: plus de 2,5 millions de doses de vaccins sont injectées quotidiennement. Certains jours, la barre des trois millions a même été dépassée.

Avec plus d'Américains vaccinés, l'activité du pays retrouve de la vitalité.

Le secteur du voyage commence ainsi à montrer des signes de reprise grâce aux touristes nationaux en attendant les visiteurs internationaux.

La reprise reste toutefois inégale entre les communautés.

Le rapport sur l'emploi publié vendredi montre ainsi que le taux de chômage des personnes noires a peu évolué, à 9,6% contre 5,4% pour les blancs.

Le salaire horaire moyen a diminué, reflétant l'embauche de travailleurs à bas salaires.

Le président Joe Biden a promis la création de millions d'emplois "bien rémunérés" et dans des secteurs d'avenir.

Il a annoncé cette semaine un plan d'investissements massifs dans les infrastructures de plus de 2.000 milliards de dollars sur huit ans.

Ce projet va être âprement débattu au Congrès étant donné l'opposition des républicains et d'une frange des démocrates.

Mais s'il était adopté, il devrait propulser la croissance américaine.

afp/rp