* La hausse du yen inquiète le gouvernement japonais

* Pour Tokyo, les propos d'Abe ont été mal compris

* Tokyo veut promouvoir une coordination des politiques du G7

par Stanley White et Takashi Umekawa

TOKYO, 10 avril (Reuters) - Le porte-parole du gouvernement japonais a déclaré que l'accord du Groupe des 20 en septembre visant à éviter toute dévaluation compétitive des devises n'interdisait pas au Japon d'intervenir face à des fluctuations "unilatérales" des taux de change.

La Banque du Japon (BoJ) et le gouvernement surveillent de près le marché des changes et Tokyo se tient prêt à prendre les mesures appropriées si nécessaires, a dit le secrétaire général du gouvernement, Yoshihide Suga, samedi à Reuters.

Il a refusé de dire quelles mesures étaient envisagées, mais a souligné que les déclarations du Premier ministre, Shinzo Abe au Wall Street Journal mardi, selon lesquelles une "intervention arbitraire" devait être évitée, avaient été mal interprétées.

"Ce dont parle le G20 est d'intervention arbitraire, ce qui est différent d'une réponse à un mouvement unilatéral", a-t-il affirmé lors d'une interview accordée samedi à Reuters.

"Les commentaires du Premier ministre faisaient référence à l'accord du G20 selon lequel la manipulation à long terme des devises n'était pas souhaitable", a-t-il ajouté.

Le dollar est tombé jeudi à 109,36 yens, au plus bas depuis 17 mois, après la publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Réserve fédérale, qui a confirmé que la banque centrale américaine voulait avancer avec prudence sur la voie du resserrement monétaire.

Le yen s'est apprécié de plus de 10% face au billet vert depuis le début de l'année, un mouvement qui inquiète le gouvernement en raison de son impact négatif sur les résultats des entreprises japonaises et qui complique la lutte contre la déflation en réduisant les prix à l'importation.

La dernière intervention de la BoJ sur le marché des changes remonte à 2011. Tokyo avait alors obtenu l'aval du G7 pour tenter de calmer la spéculation à la hausse sur le yen à la suite du tsunami qui avait ravagé le pays et qui, selon certains cambistes, devait pousser les assureurs japonais à rapatrier des fonds afin d'être en mesure d'indemniser leurs clients.

Shinzo Abe, qui rencontrait des économistes étrangers pour se préparer à accueillir le sommet des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales des pays du G7 au mois de mai, appellera ses partenaires à coordonner leurs politiques de stimulation de la croissance, a ajouté Yoshihide Suga.

L'économie japonaise pourrait se contracter au premier trimestre pour le deuxième trimestre consécutif, ce qui ferait entrer techniquement le pays dans la récession et devrait inciter le gouvernement à prendre de nouvelles mesures de relance. (Juliette Rouillon pour le service français, édité par Marc Angrand)