Tokyo (awp/afp) - Les prix à la consommation ont augmenté de 0,3% en avril sur un an, a annoncé vendredi le gouvernement, soit une 4e hausse mensuelle d'affilée, mais bien qu'une embellie se soit dessinée, l'objectif de +2% est loin d'être à portée de main.

L'indice des prix (hors ceux des produits périssables) avait affiché une progression de 0,2% en février et mars et de 0,1% en janvier, après un long tunnel négatif.

Cette remontée, encore faible, provient essentiellement de facteurs extérieurs (hausse des tarifs du pétrole et dérivés). Preuve en est, hors alimentation périssable et énergie, les prix stagnent sur un an.

Si bien que la hausse très modérée qui ne poursuit certes depuis le début de l'année ne signe pas pour autant un rééquilibrage de l'offre et de la demande, ce qui serait pourtant nécessaire pour que les prix augmentent de façon naturelle et intrinsèque.

Les économistes interrogés au préalable par le groupe Nikkei, de même que ceux questionnés par l'agence Bloomberg, attendaient en moyenne une hausse un peu supérieure en avril, de 0,4%.

Ils craignent en revanche un retour en arrière en mai (prix stagnant sur un an), en raison d'augmentations de salaires qui seront moins importantes cette année qu'elles ne l'ont été la précédente.

"La progression salariale reste beaucoup trop faible" pour avoir un effet d'entraînement inflationniste, a écrit dans une note vendredi Marcel Thieliant, de Capital Economics.

Et le même d'ajouter: "Même si d'aventure le dollar venait à monter jusqu'à 120 yens (contre 111,6 actuellement) d'ici à la fin de l'année, les prix des marchandises importées ne grimperaient que modestement et il est peu probable que cela dope beaucoup l'inflation des prix du commerce".

La Banque du Japon (BoJ) a reconnu que l'objectif d'une stabilité des prix entretenue par l'offre et la demande, soit une progression de 2% sur un an, n'était pas pour demain.

Fixé d'un commun accord avec le gouvernement de Shinzo Abe début 2013, ce but, qui devait être atteint en deux ans, ne le sera pas avant mars 2019, et encore, le gouverneur Haruhiko Kuroda a-t-il admis il y a un mois que ce calendrier théorique risquait de n'être pas respecté. La politique monétaire ultra-accommodante est donc appelée à durer, ce qu'a d'ailleurs confirmé jeudi un membre de l'institut d'émission.

La BoJ ne devrait pas cependant amplifier ses dispositions à court terme, car le Japon vit actuellement sa plus longue période de croissance du produit intérieur brut (PIB) depuis 11 ans (avec cinq trimestres consécutifs positifs). Entre janvier et mars, il a augmenté de 0,5% sur un trimestre.

Reste que, et c'est précisément là que le bât blesse, les particuliers, anxieux pour l'avenir, demeurent très précautionneux.

Le gouvernement annoncera au début de la semaine prochaine les autres importantes statistiques mensuelles, dont le taux de chômage (au plus bas depuis un quart de siècle) et la consommation des ménages.

afp/rp