(Actualisation: performances commerciales de Casino en France en avril et mai, commentaires d'un analyste et cours de Bourse)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Le groupe de grande distribution Casino a annoncé lundi que l'accord qu'il compte conclure avec ses créanciers d'ici à la fin juillet sur la restructuration de sa dette financière devrait comprendre un apport en fonds propres d'un montant minimum de 900 millions d'euros.

Casino considère avoir besoin de cet apport afin de mettre en œuvre son plan d'affaires à l'horizon 2025 dans des conditions de liquidités adéquates. Entre 2023 et 2025, le distributeur compte poursuivre le repositionnement de ses hypermarchés et supermarchés tout en réalisant le plan d'expansion de ses enseignes de proximité dont Monoprix et Franprix.

Casino a, par ailleurs, indiqué lancer un plan d'économies et d'efficience de 362 millions d'euros et rappelé vouloir finaliser son plan de cession d'actifs en France. A l'international, le groupe a ajouté vouloir vendre le reste de ses enseignes en Amérique latine réunies au sein des entités GPA et Exito. La semaine dernière, Casino a cédé la totalité de sa participation résiduelle dans le distributeur brésilien Assai, soit 11,7% du capital, pour 326 millions d'euros après frais et impôts.

Ces efforts et opérations doivent permettre à Casino de faire passer son excédent brut d'exploitation (Ebitda), après loyers payés, de 439 millions d'euros en 2023 à 803 millions d'euros en 2025. Dans cet intervalle, le flux de trésorerie disponible, avant intérêts, doit passer d'un montant négatif de 287 millions d'euros, intégrant pour 1 milliard d'euros de cessions d'actifs, à un montant positif de 212 millions d'euros. D'ici à 2028, Casino espère porter son Ebitda à 1,03 milliard d'euros, après loyers payés, et son flux de trésorerie disponible à 365 millions d'euros, avant intérêts.

Pas de problème de liquidités d'ici au 25 octobre

Pour trouver une issue aux difficultés traversées par Casino, une procédure de conciliation avec ses créanciers a été ouverte le 25 mai dernier. Elle court jusqu'au 25 septembre prochain, mais pourrait être prorogée jusqu'au 25 octobre.

Dans le cadre de cette conciliation, le distributeur a annoncé la semaine dernière qu'il actionnait différents leviers afin de préserver ses liquidités.

Tout d'abord, Casino a conclu un accord de principe avec l'Etat français afin de reporter le paiement des charges fiscales et sociales dues entre mai et septembre 2023, qui se monte à environ 300 millions d'euros. Ce montant sera payé par le groupe à la date de réalisation de la restructuration financière, a indiqué Casino.

Ensuite, les conciliateurs vont solliciter dans les prochains jours de la part de l'ensemble des créanciers financiers de Casino et de ses filiales la suspension du paiement des intérêts et autres commissions qui sont dus, soit environ 130 millions d'euros. Les conciliateurs demanderont également la suspension du paiement des échéances en principal pour un montant de près de 70 millions d'euros.

Ces suspensions de paiement seront demandées pour la durée de la période de conciliation.

Compte tenu de l'ensemble de ces éléments, le rapport d'Accuracy sur les prévisions de liquidités n'anticipe pas de problème en la matière d'ici à la fin de la période de conciliation, soit jusqu'au 25 octobre 2023, a prévenu Casino dans un communiqué envoyé lundi. Dans l'hypothèse d'une poursuite du gel des frais financiers et des échéances de dette après la période de conciliation, et sur la base de la cession à venir, le rapport d'Accuracy n'anticipe pas de problème de liquidités d'ici à la fin de l'exercice 2023, a ajouté Casino.

La situation continue de se dégrader en France

"Casino a rassuré le marché en écartant tout risque de liquidités jusqu'au 25 octobre prochain, mais les investisseurs ne peuvent s'empêcher de constater la poursuite de la dégradation des performances des moyennes et grandes surfaces françaises du groupe", observe un analyste basé à Paris, alors que l'action Casino chute de 7,2% lundi, à 7,27 euros.

Après une baisse de 9,9% au premier trimestre de cette année, le chiffre d'affaires des supermarchés et hypermarchés de Casino en France a reculé de 17,7% en avril et de 14,6% en mai derniers, en données comparables. "Ces évolutions ne rassurent pas quant au succès du repositionnement de ces formats", ajoute ce même analyste.

Aussi, la croissance des ventes des enseignes de proximité françaises, sur lesquelles Casino compte s'appuyer pour restaurer ses indicateurs financiers, marque le pas. Elle est passée de 4,6% au premier trimestre de cette année, à 1,9% en avril et 2,3% en mai, toujours en données comparables.

Course contre la montre

Casino et ses conciliateurs veulent parvenir d'ici à la fin juillet à un accord de principe avec les principaux créanciers du distributeur sur la restructuration de sa dette financière. A fin mars dernier, la dette financière brute du distributeur se montait à 6,23 milliards d'euros. Le groupe espère que la procédure de conciliation en cours lui permettra de réduire de moitié cette dette par la conversion en capital d'au moins toutes les dettes non sécurisées, soit plus de 3 milliards d'euros.

Pour l'instant, Casino a reçu une lettre d'intention préliminaire de Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari relative à une proposition de renforcement de ses fonds propres à hauteur de 1,1 milliard d'euros. Sur ce montant, 200 millions à 300 millions d'euros seraient investis directement par les trois hommes d'affaires, le solde étant souscrit par des partenaires qui s'associeraient à leur projet.

La lettre d'intention envoyée par Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari à Casino s'ajoute à l'offre indicative de recapitalisation déposée par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a proposé fin avril d'injecter, avec d'autres actionnaires, jusqu'à 1,1 milliard d'euros dans le distributeur. Daniel Kretinsky détient actuellement 10% du capital de Casino et pourrait prendre le contrôle du groupe si son offre était retenue dans le cadre des discussions en cours autour de l'avenir du distributeur.

-Dimitri Delmond, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 31; ddelmond@agefi.fr ed: LBO

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June 26, 2023 05:24 ET (09:24 GMT)