LONDRES (Reuters) - Le chef de file du Parti travailliste, Keir Starmer, va devenir le nouveau Premier ministre britannique alors que le Labour devrait remporter une large majorité lors des élections législatives en Grande-Bretagne.

Le Labour a d'ores et déjà remporté 326 des 650 sièges du Parlement, obtenant ainsi une majorité à la Chambre des communes et mettant fin à quatorze années de majorité conservatrice. Un sondage de sortie des urnes créditait le parti travailliste de 410 sièges.

Les Tories n'ont pour l'instant obtenu que 70 sièges et devrait connaître leur pire résultat électoral depuis la création du parti, les électeurs ayant décidé de montrer leur mécontentement à l'égard du coût de la vie, de la dégradation des services publics et des scandales à répétition.

"Ce soir, les Britanniques se sont exprimés et ils sont prêts pour le changement, prêts à mettre fin à la politique de la performance, à revenir à la politique en tant que service public", a déclaré Keir Starmer après avoir remporté son siège à la Chambre des communes.

"Le changement commence ici. Vous avez voté, il nous revient désormais de nous exécuter."

Bien que le Labour ait remporté une victoire confortable, les sondages laissent penser que ni Keir Starmer ni son parti ne suscitent l'enthousiasme des électeurs.

Keir Starmer n'aura pas la tâche facile à son arrivée au pouvoir. Il a déjà dû revoir à la baisse certains des projets les plus ambitieux du parti travailliste, tout en promettant de ne pas augmenter les impôts des "travailleurs".

"LE POUVOIR VA CHANGER DE MAINS"

Le Premier ministre sortant, Rishi Sunak, a reconnu sa défaite et a déclaré qu'il avait appelé Keir Starmer pour le féliciter.

"Aujourd'hui, le pouvoir va changer de mains de manière pacifique et ordonnée, avec la bonne volonté de toutes les parties", a-t-il déclaré après avoir remporté son siège à la Chambre des communes.

"Nous devons tirer les leçons (de ce résultat) et réfléchir. J'assume la responsabilité de l'échec de nombreux candidats conservateurs qui ont travaillé dur. Je suis désolé", a dit Rishi Sunak.

Le parti "Reform UK" de Nigel Farage, l'une des figures pro-Brexit qui s'était lancée de manière inattendue dans la campagne électorale, s'est emparé de quatre des sièges occupés par le Parti conservateur et a remporté plus de voix que les conservateurs dans de nombreuses régions.

"Il y a un énorme vide au centre droit de l'échiquier politique et il m'incombe de le remplir. C'est d'ailleurs ce que je prévois de faire", a déclaré Nigel Farage, qui a remporté l'un des sièges précédemment occupés par un député conservateur.

"Croyez-moi les amis, ce n'est que le début de quelque chose qui va tous vous surprendre."

L'ALTERNATIVE POPULISTE

Cette hausse du soutien à une alternative populiste fait écho à la progression des partis d'extrême droite en Europe.

Contrairement à la France, où se déroule dimanche le second tour des élections législatives, la Grande-Bretagne s'est toutefois tournée vers le centre gauche pour signifier son désir de changement plutôt que vers l'extrême droite.

Keir Starmer s'est engagé à améliorer les relations avec l'Union européenne afin de résoudre les problèmes apparus après le Brexit. Un retour dans l'UE n'est toutefois pas à l'ordre du jour.

Cette victoire marquerait un incroyable revirement pour le Labour alors que, il y a trois ans à peine, partisans et détracteurs du parti le jugeaient empêtré dans une crise existentielle après la perte remarquée d'un siège parlementaire au profit du parti conservateur au pouvoir.

(Avec la contribution de William James, Kylie MacLellan, Sachin Ravikumar, Paul Sandle et Muvija M, rédigé par Michael Holden et Kate Holton; version française Camille Raynaud)

par Andrew MacAskill, Elizabeth Piper et Alistair Smout