(Actualisé avec les annonces relatives à la BCE)

MILAN, 18 janvier (Reuters) - Les banques italiennes ont souffert ce lundi en Bourse de Milan et pesé sur l'ensemble du secteur financier européen, en raison d'une dégradation de leurs perspectives aux yeux des courtiers après une année 2015 particulièrement florissante.

Un porte-parole de la Banque centrale européenne (BCE) avait dit dimanche que l'institut d'émission se préoccupait du niveau élevé de créances douteuses de certaines banques de la zone euro et leur avait envoyé un questionnaire à ce sujet.

Le lendemain, quatre banques italiennes ont annoncé, après la clôture de la Bourse, que la BCE examinerait la stratégie, la gouvernance, les procédures et les méthodologies de gestion de leurs créances douteuses.

Les banques en question sont Banco Popolare, Banca Popolare Dell'Emilia Romagna, Banca Popolare di Milano et Banca Carige.

En revanche, Intesa Sanpaolo, la banque d'affaires Mediobanca, Unione di Banche Italiane et Banca Popolare Di Sondrio ont dit n'avoir reçu aucune notification particulière de la BCE à ce sujet.

L'indice bancaire italien a cédé 5,71%, ce qui porte ses pertes depuis le début de l'année à quasiment 17%. Ses deux poids lourds Intesa SanPaolo et Unicredit ont abandonné respectivement 5,0% et 5,37%, soit les deux plus fortes chutes de l'indice EuroStoxx 50 des 50 plus grandes valeurs de la zone euro.

L'action Intesa SanPaolo et celle de Banca Monte dei Paschi di Siena ont été provisoirement suspendues.

L'autorité boursière en Italie, la Consob, a en outre interdit les ventes à découvert sur Monte Paschi et ouvert une enquête sur les transactions effectuées sur le titre, qui s'est effondré de 14,76% après déjà un recul de 14% la semaine dernière.

CERTAINS RESTENT POSITIFS

Troisième banque de la péninsule, Monte Paschi a été classée en 2014 comme la plus mal capitalisée des grandes banques de la zone euro par la Banque centrale européenne (BCE).

Avec ces difficultés en Italie, le secteur bancaire a été le moins performant ce lundi en Europe, en recul de 1,92%.

Les investisseurs s'inquiètent de plus en plus des conséquences en Italie d'un environnement de taux bas mais aussi du lourd fardeau des créances douteuses qui ne seront probablement jamais remboursées, estimé à 200 milliards d'euros.

Ce double problème éclipse la consolidation attendue dans le secteur bancaire italien à la suite d'une réforme du statut des banques coopératives destinée à réduire le nombre pléthorique de banques régionales.

JP Morgan a conseillé ce mois-ci aux investisseurs d'éviter les banques italiennes car les taux bas devraient davantage affecter leurs revenus que ceux de leurs homologues européennes et que les problèmes de qualité de leur portefeuille de prêts continueront de peser sur leur effort de provisionnement.

Des intervenants de marché incitent à se désengager d'investissements ayant été particulièrement recherchés récemment, tels Banca Popolare di Milano et Intesa, car les cours de leurs actions ont atteint des seuils techniques.

Certains gestionnaires de fonds restent néanmoins positifs sur les banques italiennes, dont certaines peuvent avoir une valorisation inférieure à celle de leurs homologues européennes.

"J'accueille les appels à sortir des banques italiennes avec une pointe de réserve", dit Gilles Guibout, gestionnaire de portefeuilles chez Axa IM.

"Même s'il est vrai que la hausse de l'an dernier a réduit le potentiel de gains supplémentaires, les raisons de rester présent sont toujours là. La consolidation n'a pas encore eu lieu mais elle aura lieu et elle permettra ensuite d'assainir le marché et d'augmenter l'efficacité." (Danilo Masoni, Bertrand Boucey et Wilfrid Exbrayat pour le service français)