Christine Lejoux,

Agefi-Dow Jones

PARIS (Agefi-Dow Jones)--La principale menace pesant sur le rally de la Bourse de New York réside peut-être moins dans une déception en matière de résultats d'entreprises ou dans un choc géopolitique que dans la politique monétaire de la Réserve fédérale (Fed), qui se réunira les 30 et 31 janvier.

Parmi les facteurs susceptibles de porter un coup d'arrêt à l'envolée que Wall Street connaît depuis l'élection de Donald Trump figure "une hausse des taux trop rapide, si l'inflation se ressaisit un peu", estime Andréa Tuéni, analyste chez Saxo Banque. Un point de vue partagé par Frédéric Rollin, conseiller en stratégie d'investissement chez Pictet Asset Management : "Une progression plus rapide que prévu de l'inflation aux Etats-Unis pourrait amener la Fed à agir plus vite et plus fort qu'anticipé, ce qui représente un risque pour le marché."

La banque centrale américaine a rehaussé ses taux directeurs à trois reprises en 2017, de 25 points de base à chaque fois, et ses projections monétaires publiées le 13 décembre correspondent à trois nouvelles hausses des taux en 2018. Mais, depuis le début de l'année, certains responsables de la Fed ont adopté un ton plus "faucon", c'est-à-dire favorable à un resserrement plus marqué de la politique monétaire. Eric Rosengren, le président de la Fed de Boston, a estimé qu'une croissance économique plus forte aux Etats-Unis et une nouvelle baisse du taux de chômage pourraient justifier au moins quatre hausses des taux en 2018.

L'inflation semble se raffermir

Son collègue de la Fed de Dallas, Robert Kaplan, a dit s'attendre à ce que la Fed relève ses taux à trois reprises cette année, et peut-être davantage, afin d'empêcher une surchauffe de l'économie. Loretta Mester a de son côté indiqué que trois, voire quatre, hausses des taux lui conviendraient pour 2018, la présidente de la Fed de Dallas se disant "peut-être un peu plus optimiste sur la croissance".

Le Fonds Monétaire International vient de relever de 0,4 point et de 0,6 point ses prévisions pour la croissance des Etats-Unis en 2018 et en 2019, à 2,7% et 2,5%, respectivement. Le taux de chômage est quant à lui ressorti à 4,1% en décembre dans le pays, son niveau le plus bas depuis 17 ans. Surtout, l'inflation, dont la faiblesse depuis le printemps 2017 déconcerte la Fed, semble se raffermir. Les prix à la consommation aux Etats-Unis ont augmenté en décembre, de 0,1%, par rapport au mois précédent. L'indice de base, qui exclut les prix de l'alimentation et de l'énergie, a progressé de 0,3%, sa plus forte hausse depuis janvier 2017. Les anticipations d'inflation à cinq ans sont en outre remontées à 2,11%, d'après la Fed de St Louis.

Le marché anticipe seulement 2 hausses en 2018

S'ils poursuivent sur leur lancée, ces indicateurs pourraient amener la banque centrale américaine à resserrer sa politique monétaire plus fortement que prévu. D'autant plus que, dans le cadre de sa recomposition annuelle, le FOMC perdra en 2018 certains de ses membres les plus "colombes" (favorables à un assouplissement de la politique monétaire), comme Neel Kashkari, le président de la Fed de Minneapolis, et son homologue de la Fed de Chicago, Charles Evans, au profit de voix plus "faucons" telles que Loretta Mester, qui préside la Fed de Cleveland.

"Si la Fed ne surprend pas les investisseurs avec une approche plus "faucon" et se limite aux deux hausses de taux d'un quart de point chacune anticipées par le marché, alors l'indice Dow Jones Industrial Average pourrait finir l'année beaucoup plus haut, peut-être vers les 30.000 points", estime Marios Hadjikyriacios, analyste chez XM Investment Research. Rien n'est moins sûr.

-Christine Lejoux, Agefi-Dow Jones ; 33 (0)1 41 27 48 14 ; clejoux@agefi.fr ed : ECH