NEW YORK, 27 juin (Reuters) - Alors même que les fluctuations boursières ne sont pas loin d'être les plus modérées depuis près d'un demi-siècle aux Etats-Unis, les analystes de dérivés de certaines grandes banques de Wall Street commencent à prévenir leurs clients d'un risque croissant de volatilité.

"Les marchés restent fragiles", disent des analystes de BofA Merrill Lynch Global Research emmenés par Benjamin Bowler, dans une note publiée mardi.

Pour la banque, cela tient, entre autres, à une liquidité médiocre, à une confiance des investisseurs sans conviction et à des positions très encombrées.

La brusque glissade de la mi-mai, que l'on pouvait expliquer par un manque de confiance des investisseurs envers la capacité de Donald Trump à remplir ses promesses économiques de campagne, montre dans quelle mesure les marchés sont enclins à des "krachs éclair", expliquent les analystes.

La hausse de l'"indicateur de fragilité" de BofA Merrill Lynch, qui mesure la fréquence et l'amplitude de chocs anormalement lourds des volatilités et spreads de crédit, est en soi un signal d'alarme. Cet indicateur n'a cessé de monter au cours des six derniers mois alors même que le risque sur les actifs concernés diminuait.

Des analystes de JP Morgan ont soulevé la possibilité, la semaine dernière, d'un prompt accès de volatilité de la Bourse.

Les taux américains montant et les politiques monétaires de la Banque centrale européenne et de la Banque d'Angleterre étant susceptibles de devenir moins accommodantes, il existe bien une probabilité de turbulences du marché à moyen terme, explique la banque.

Alors que les deux banques lancent cet avertissement d'un risque de volatilité, les investisseurs ne cessent de placer leurs fonds dans des produits indiciels (ETP) liés à l'indice de volatilité du CBOE, en particulier des ETP VIX inversés qui sont un pari sur une période de calme prolongée.

Les positions prises sur ce type d'ETP n'ont pratiquement jamais été aussi nombreuses, selon BofA.

"Un choc soudain pour les actions américains pourrait mettre la pression sur ceux qui ont investi dans ces stratégies (...) exacerbant ainsi la hausse de la volatilité", dit la banque.

(Saqib Iqbal Ahmed, Wilfrid Exbrayat pour le service français)