Les grandes banques américaines sont à l'honneur pour cette première semaine pleine de la saison des résultats, alors même que les investisseurs particuliers, libérés de leurs inquiétudes sur le "mur budgétaire", commencent à revenir sur les marchés.

Goldman Sachs et JPMorgan Chase publient leurs comptes du quatrième trimestre mercredi, suivis le lendemain par Bank of America et Citigroup.

"Les banques offrent une lecture de l'économie, de la consommation, de la demande", souligne Quincy Krosby, analyste chez Prudential Financial à Newark (New Jersey).

"Nous, ce qui nous intéresse c'est la demande, la demande des petites et moyennes entreprises et celle des consommateurs".

Les premiers résultats publiés la semaine dernière ont été dans l'ensemble meilleurs que prévu, mais leur nombre est trop réduit pour dégager une tendance et les anticipations n'étaient pas très élevées.

Dans l'ensemble, les résultats des sociétés qui composent le Standard & Poor's 500 sont prévus en progression de 1,9% au quatrième trimestre, selon Thomson Reuters I/B/E/S.

Wells Fargo a ouvert le bal pour les financières vendredi, avec à la clé un bénéfice record. Mais la quatrième banque américaine a accordé moins de prêts immobiliers qu'au trimestre précédent, et son action a cédé 0,85% à la Bourse.

L'indice sectoriel KBW a pareillement lâché 0,78% vendredi, mais il affiche un gain de quelque 30% depuis ses plus bas du mois de juin.

En dehors du secteur bancaire, les investisseurs seront également sensibles aux résultats d'Intel jeudi et à ceux de General Electric vendredi.

LES INDICATEURS, LE VRAI CATALYSEUR

La semaine qui vient sera aussi riche en statistiques.

Mardi verra la publication des ventes au détail et de l'indice Empire State de New York, avant les prix à la consommation le lendemain.

Les mises en chantier de logements et l'indice de la Fed de Philadelphie sont au programme de jeudi, et la liste se poursuit vendredi avec l'indice Thomson Reuters/Université du Michigan qui mesure la confiance du consommateur.

"Ce ne sera pas une surprise si ces chiffres sont bons, c'en sera une s'ils ne le sont pas", dit Jim Paulsen, directeur des investissements chez Wells Capital Management à Minneapolis, au sujet des mises en chantier attendues en hausse.

"Il me semble que les indicateurs économiques sont le moteur sous-jacent de la hausse des marchés. C'est cela, le vrai catalyseur".

Le S&P-500 a pris 0,4% la semaine passée, portant ses gains à 3,2% depuis le début de l'année et l'accord intervenu entre le Congrès et la Maison blanche sur le budget.

LE PLAFOND DE LA DETTE N'EFFRAYE PAS ENCORE

Les inquiétudes sur le "mur budgétaire" avaient dicté la tendance tout au long du mois de décembre, jusqu'au compromis intervenu in extremis au Nouvel An. A ce jour, la bataille qui s'annonce pour le relèvement du plafond de la dette n'a pas vraiment mobilisé l'attention des investisseurs, qui est surtout focalisée sur la saison des résultats.

"Le marché y prêtera attention quand le débat commencera à chauffer", prédit Quincy Krosby.

En attendant, le compromis de Nouvel An sur le budget explique probablement le retour remarqué des flux sur les actions au début de l'année. Selon Lipper, filiale de Thomson Reuters, les fonds communs de placement ont augmenté de 7,53 milliards de dollars au cours de la semaine au 9 janvier, soit leur plus forte hausse depuis mai 2001.

"Nous sommes à un tournant, surtout aux Etats-Unis, où les flux nets vont redevenir positifs", commente Margaret Patel, gérante chez Wells Capital Management. "La prise de risque va être récompensée cette année".

L'indice de volatilité du CBOE, baromètre de l'anxiété des investisseurs, a reflué de plus de 25% depuis le début du mois et touché récemment son plus bas niveau depuis juin 2007.

"Le marché veut croire que, comme pour le 'fiscal cliff', il y aura un accord sur le plafond de la dette", conclut Quincy Krosby. Rendez-vous est pris pour le 1er mars, date à laquelle devra être conclue cette négociation sous peine de voir les Etats-Unis faire défaut sur leur dette.

Véronique Tison pour le service français

par Gabriel Debenedetti