Les contrats à terme sur les principaux indices new-yorkais préfigurent une ouverture en repli d'environ 0,3% pour le Dow Jones, le Standard & Poor's 500 et le Nasdaq.

À Paris, le CAC 40 perd 0,39% à 5361,81 points à 13h05 GMT. À Francfort, le Dax cède 0,83% alors qu'à Londres, le FTSE 100 progresse de 0,39%, grâce entre autres aux valeurs minières.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 recule de 0,31%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 0,44% et le Stoxx 600 de 0,49%.

En annonçant mercredi qu'elle ne prévoyait plus de relever ses taux d'intérêt cette année, qu'elle n'envisageait qu'une seule hausse en 2020 et qu'elle prévoyait d'arrêter de réduire son bilan à partir de septembre, la Fed a surpris beaucoup d'investisseurs, qui voient surtout dans ce changement de discours une nouvelle preuve de la détérioration de la conjoncture.

"Le ton accommodant de la Fed hier soir constitue un signe supplémentaire de la décélération rapide de la situation macroéconomique mondiale et les Etats-Unis ne font pas exception", estime ainsi Olivier Marciot, gérant senior d'Unigestion, dans une note.

"Les banques centrales ont opéré un virage à 180° et sont désormais prêtes à assouplir leur politique monétaire pour briser cette spirale baissière et retarder autant que possible la fin de ce cycle exceptionnel."

Ce sentiment s'ajoute aux incertitudes persistantes sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne d'une part, sur les tensions commerciales UA-Chine d'autre part.

Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE réunis à Bruxelles doivent tenter d'éviter une sortie brutale du Royaume-Uni à huit jours seulement de la date prévue et malgré le blocage à la Chambre des communes.

Par ailleurs, Pékin a annoncé la venue les 28 et 29 mars d'une délégation américaine menée par le représentant au Commerce, Robert Lighthizer, et le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin.

VALEURS EN EUROPE

La perspective d'un maintien prolongé de taux bas et donc de marges de crédit sous pression pèse sur les valeurs bancaires en Europe, comme à Wall Street mercredi.

L'indice Stoxx européen du secteur cède 1,51%, la plus mauvaise performance sectorielle du jour. A Paris, Société générale abandonne 2,55%, BNP Paribas 2,49% et Crédit agricole 1,6%.

La plus forte baisse du CAC est pour EssilorLuxottica, qui chute de 5,41% sur fond de montée des tensions entre ses branches française et italienne.

Sodexo perd de son côté 3,88%, plombé par l'abaissement de la recommandation de Goldman Sachs à "vendre".

A la hausse, les fabricants de semi-conducteurs profitent des prévisions présentées mercredi soir par l'américain Micron Technology, qui alimente les espoirs de reprise du marché. STMicroelectronics gagne 1,3% et Soitec 2,94%, la meilleure performance du SBF 120 parisien.

Le compartiment des matières premières (+0,41%) profite quant à lui de la remontée des cours des métaux de base, favorisée par la baisse du dollar mercredi.

LES VALEURS À SUIVRE À WALL STREET

TAUX

Sur le marché des emprunts d'Etat, la baisse des rendements se poursuit après le changement de discours de la Fed: le rendement des Treasuries américains à dix ans abandonne encore près de trois points de base à 2,5102%, au plus bas depuis janvier 2018.

Celui du Bund allemand à dix ans, référence pour l'ensemble de la zone euro, cède quatre points et a touché, à 0,038%, son plus bas niveau depuis octobre 2016.

CHANGES

Si la baisse des rendements continue, celle du dollar s'est interrompue: l'"indice dollar", qui mesure les fluctuations du billet vert face à un panier de référence, reprend près de 0,5%, effaçant la majeure partie des pertes subies mercredi, sa pire journée depuis fin janvier.

"Le marché pourrait hésiter pendant quelques jours mais le dollar est dans une situation idéale pour un rebond marqué", estime Valérie Gastaldy, stratège et analyste senior de Day by Day.

L'euro, qui s'était rapproché du seuil de 1,1450 dollar pour la première fois depuis début février, subit des prises de bénéfice et revient vers 1,1390.

La livre sterling recule de plus de 0,6% face au dollar et de 0,4% face à l'euro avant le sommet de Bruxelles et après le communiqué de politique monétaire de la Banque d'Angleterre, qui prolonge le statu quo tout en se disant prête à réagir aux retombées du Brexit, quelles qu'elles soient.

Le franc suisse, lui, hésite après le maintien sans surprise de la politique monétaire de la Banque nationale suisse (BNS), qui a légèrement revu en baisse sa prévision d'inflation.

PÉTROLE

Les cours du pétrole sont dans le rouge mais restent proches des plus hauts de près de cinq mois atteints en début de journée en Asie.

Le marché du brut reste en effet soutenu par la baisse des stocks mondiaux, celle de la production de l'Opep et de ses alliés et les sanctions américaines visant l'Iran et le Venezuela.

Le Brent est monté à 68,69 dollars le baril, son plus haut niveau depuis le 13 novembre, et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) à 60,33 dollars, au plus haut depuis le 12 novembre.

MÉTAUX

La baisse subie par le dollar mercredi profite aux métaux de base: le cuivre prend plus de 1% et a atteint son plus haut niveau depuis près de trois semaines, le nickel gagne près de 0,6%, l'once d'or a atteint, à 1.620,53 dollars, son meilleur niveau depuis le début du mois et le palladium a inscrit un nouveau record à 1.620,53 dollars l'once.

(Édité par Juliette Rouillon)

par Marc Angrand