Alors que des plans de sortie de la Grèce de la zone euro sont en phase d'ébauche, les opérateurs sont nombreux à penser qu'ils n'y verront plus clair qu'une fois terminées les nouvelles élections législatives grecques, prévues le 17 juin.

Dans cette attente, les projecteurs seront braqués sur la publication des statistiques et indicateurs américains au cours de cette semaine raccourcie d'un jour, les portes de Wall Street restant closes lundi, jour férié aux Etats-Unis où l'on célèbre le Memorial Day.

Sur l'agenda des indicateurs, figurent notamment la publication jeudi des chiffres préliminaires du produit intérieur brut américain au premier trimestre et celle de l'emploi au mois de mai, qui donneront le pouls de la première économie mondiale.

"Qu'il se passe, l'Europe va continuer de nous inquiéter", a déclaré Peter Cardillo de Rockwell Global Capital.

"Mais puisque (...) les principaux événements en Europe ne se produiront pas avant plusieurs semaines, les marchés vont probablement davantage concentrer leur attention sur l'économie (américaine)".

L'Europe restera quoiqu'il soit dans tous les esprits et les marchés d'actions continueront de réagir à l'évolution de la situation dans la zone euro.

Les craintes renouvelées sur les chances de survie du bloc monétaire conjuguées à des indicateurs mitigés aux Etats-Unis ont fait reculer le S&P 500 de plus de 5% depuis le début du mois de mai.

Les doutes sur l'avenir de la zone euro sont désormais alimentées par les propos de différents responsables politiques qui n'hésitent plus à évoquer la question d'une sortie de la Grèce, autrefois taboue.

Le vice-Premier ministre belge Didier Reynders a ainsi jugé vendredi que les banques centrales et les entreprises commettraient une grande erreur si elle ne se préparaient pas à un abandon par la Grèce de la monnaie unique.

Des sources ont déclaré, vendredi également, que les banques françaises, qui font partie des établissements bancaires étrangers les plus exposés à la Grèce, préparent dans le plus grand secret des plans d'urgence dans l'éventualité d'une sortie de la République hellénique de la zone euro.

D'après des responsables de la zone euro, le comité de préparation de l'Eurogroupe a demandé aux gouvernements de la zone d'élaborer chacun de leur côté des plans d'urgence en cas de retour de la drachme en Grèce.

Si les indicateurs américains attendus dans la semaine s'avéraient positifs, les investisseurs pourraient provisoirement détourner leur attention de l'Europe et permettre ainsi aux indices action de progresser, d'autant que les reculs qu'ils ont récemment affichés les rends attractifs.

Des analystes ont souligné que la fourchette des 1.275 à 1.280 points du S&P 500 constituait un support situé juste en dessous de la moyenne mobile à 200 jours capable de soutenir un rebond.

"On s'oriente vers les 1.277 points, le marché va tester ce support, mais une fois qu'on y sera arrivé, le support tiendra parce qu'il y a beaucoup d'argent en réserve prêt à être investi", a prédit Ken Polcari d'ICAP Equities.

"On utilise ce seuil comme un point d'entrée, on y trouvera donc de la stabilité."

Les investisseurs pourraient également décider de participer au renforcement du dollar au moment où l'euro montre des signes d'affaissement de plus en plus nets. Il a terminé vendredi à 1,2514 contre le billet vert.

L'indice dollar s'est adjugé 5% depuis le début du mois.

"Puisqu'un défaut est désormais possible, tout comme une forme de dissolution de l'euro, le dollar et les actifs libellés en dollars pourraient être recherchés", a dit Brad Lipsig d'UBS Financial Service.

Nicolas Delame pour le service français

par Chuck Mikolajczak