Profitant de la remontée des cours du pétrole et des anticipations d’une intervention massive de la BCE, les places financières ont très nettement rebondi depuis mi-février, à l’image du CAC40 qui a repris près de 700 points en ligne droite. Celui-ci a frôlé brièvement ses plus hauts du 4 janvier à l’occasion des annonces de la BCE du mars.

Comme l’anticipaient les opérateurs, la banque centrale européenne a agréablement surpris en annonçant une vaste série de mesures pour relancer l’inflation et la croissance en zone euro. Elle a choisi d’abaisser ses principaux taux directeurs pour, en outre, inciter les banques à prêter davantage. Le taux de financement a été ramené à 0, le taux de dépôt abaissé de -0.3% à -0.4% et le taux d’escompte passe de 0.3% à 0.25%. La BCE procèdera également à l’accroissement du volume de rachats d’actifs (de 60 à 80 milliards d’euros par mois) et lancera un nouveau programme TLTRO sur une durée de 4 ans.

Ces annonces, pourtant largement au-dessus des attentes, ont été accueillies de manière contrastée dans la mesure où elles laissent penser que Mario Draghi a utilisé ses dernières minutions. Les taux ne devraient plus baisser et le président de la banque centrale a, par ailleurs, réduit ses prévisions de croissance et d’inflation jusqu’en 2018. Le PIB est désormais attendu à 1,4% en 2016, 1,7% en 2017 et 1,8% en 2018, et l'inflation à 0.1% en 2016 (initialement) et de 1,3% en 2017 (1.8% précédemment). Les opérateurs doutent également de l’efficacité du quantitative easing, qui n’a notamment jamais porté ses fruits au Japon..

La Réserve Fédérale a, quant à elle, rassuré lors de sa dernière réunion de politique monétaire, en optant pour un statu quo. Elle a confirmé la poursuite d’une croissance américaine modérée depuis la fin de l’année mais de manière très disparate en fonction des régions. Si l’immobilier montre des signes d’amélioration et le marché de l’emploi se veut très solide (taux de chômage à 4.9% et 242K créations d’emplois), la faiblesse des cours de l’énergie, la fermeté du dollar et les craintes concernant le ralentissement économique mondial pourraient contraindre la banque centrale américaine à attendre davantage. Elle a ainsi légèrement revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année 2016 (2,2 % contre 2,4 % du PIB) et table désormais sur deux relèvements de taux d’ici la fin de l’année contre 4 en décembre.

Ces annonces ont notamment permis à Wall-Street de repasser dans le vert depuis le 1er janvier mais elles entraînent aussi une nette sous-performance de l’Europe avec la récente baisse du dollar. Cet écart de performance devrait perdurer dans les semaines à venir.

D’un point de vue graphique, le CAC40 a rebondi violemment ces dernières semaines sur la zone de soutien des 3900 points et repris plus de 15% dans la foulée. En données hebdomadaires, l’indice évolue à proximité d’une zone de résistance charnière située vers 4500 points et correspondant à la moyenne mobile à 20 semaines. La réaction de l’indice dans cette zone de cours devrait être déterminante pour la tendance à venir, ce qui invite à la prudence. Le franchissement de cette zone ouvrirait la voie aux 4700 points (moyenne mobile à 50 semaines). En cas d’échec, il faudrait au contraire s’attendre à de nouveaux dégagements qui pourraient ramener l’indice dans la zone des 4210 points.
Sur un horizon de temps plus court, le CAC40 a rallié brièvement les 4580 points, borne basse d’un gap laissé ouvert le 4 janvier et consolide désormais sous ce niveau. La dynamique demeure néanmoins positive au-dessus des 4300 points et seul l’enfoncement de ce niveau viendrait valider un nouveau schéma de consolidation pour les séances à venir.