En France, où un peu plus des trois quarts (32) des sociétés du CAC 40 ont publié leurs résultats semestriels, 52% d'entre elles ont fait état de chiffres supérieures aux attentes des analystes malgré un recul de près de 20% en moyenne pour les principales sociétés cotées à la Bourse de Paris au premier semestre, montrent des calculs effectués par Reuters.

De même au niveau européen, la part des entreprises ayant dégagé un résultat meilleur qu'attendu atteint 53% sur la base d'un tiers de sociétés du Stoxx 600 ayant publié, montrent des données compilées par Deutsche Bank, contre une moyenne de 57% depuis 2007.

"C'est une saison qui est plutôt bonne, avec une amélioration par rapport à la précédente, même si elle n'a rien d'exceptionnel. Ce qui est nouveau, c'est l'amélioration dans les perspectives qui sont plus optimistes", observe Benoît Peloille, stratégiste actions chez Natixis.

"UNE ANNÉE DE TRANSITION"

"Les discours sur les perspectives sont intéressants car ils confirment les premiers signes de stabilisation économique de la zone euro (...) 2013 est donc une année de transition et c'est plutôt l'année prochaine sur laquelle on se focalise désormais", relève-t-il, jugeant cependant encore trop élevées les attentes des analystes pour 2014.

Principaux enseignements du premier bilan tiré par les analystes pour cette saison des résultats, l'activité réalisée en Amérique du Nord est restée solide, comme en attestent les chiffres de Publicis, et surtout l'Europe montre des signes de redressement encourageants pour l'avenir.

"Trois secteurs ont fait état de bonnes publications : le secteur financier, l'automobile et les médias. C'est un signe encourageant pour l'économie européenne", estime Joffrey Ouafqa, analyste-gérant chez Convictions AM.

Et le gérant d'ajouter : "Avec les PMI qui ressortent au-dessus des attentes et de 50, on voit qu'il y a une vraie dynamique qui est en train de se créer en Europe, suggérant que le pire est derrière nous."

LA "VALUE" AU DÉTRIMENT DE LA "GROWTH"

En revanche, les résultats de Sanofi ont illustré les effets du ralentissement économique dans les marchés émergents pour les entreprises européennes trop dépendantes de cette zone.

Selon Morgan Stanley, les entreprises européennes exposées aux marchés émergents ont enregistré sur le seul deuxième trimestre des baisses plus fortes de leurs résultats que les sociétés dépendantes des pays développés, avec des baisses respectives de plus de 15% et de 5%.

Pour les analystes, l'amélioration de la rentabilité en Europe associée à une confirmation de la stabilisation économique dans la région pourraient être bénéfiques pour les valeurs européennes et françaises alors qu'elles pourraient avoir atteint un point bas en termes de bénéfices depuis la crise et que leurs valorisations sont plus intéressantes.

"Nous sommes confiants sur les actions européennes, qui pourraient surperformer les valeurs américaines au deuxième semestre s'il n'y a pas de retour du risque souverain ou du risque politique", explique Joffrey Ouafqa.

Quant à Benoît Peloille, il indique qu'une réallocation est également possible au niveau sectoriel avec un retour vers les titres décotés ("value") ayant une activité plus domestique au détriment des valeurs de croissance ("growth") exposées aux pays émergents et/ou à l'Amérique du Nord, longtemps privilégiées par le marché.

"On devrait assister sur la deuxième partie de l'année à des prises de profit sur les secteurs devenus très chers comme celui de l'alimentation et des boissons, avec un retour sur des secteurs plus ?value' à l'image de l'assurance et des télécoms", juge-t-il.

Avec Blaise Robinson, édité par Dominique Rodriguez

par Alexandre Boksenbaum-Granier