par Roberta Rampton

WASHINGTON, 7 février (Reuters) - Barack Obama a exposé vendredi une nouvelle version de la stratégie de sécurité nationale des Etats-Unis qui maintient le rôle moteur que Washington entend jouer dans les questions mondiales mais reflète aussi la prudence du président américain dans le domaine des interventions à l'étranger.

Ce document de 29 pages, présenté au Congrès par Susan Rice, la conseillère à la sécurité nationale de la Maison blanche, définit ce que seront les priorités d'Obama en matière de politique extérieure pour les deux dernières années de son bail à la présidence.

Il y décrit les défis les plus pressants du moment (la lutte contre la violence extrémiste incarnée par les djihadistes de l'Etat islamique, la politique agressive de la Russie dans l'est de l'Ukraine, les attaques informatiques et le changement climatique) et note que la meilleure réponse à apporter passe par la mobilisation de coalitions internationales.

Mais Obama estime aussi que les Etats-Unis ont besoin de "patience et de persévérance stratégiques" et notent que les ressources de l'Amérique ne sont pas illimitées et que de nombreux problèmes ne peuvent se régler par la puissance militaire.

"Il nous faut toujours résister à la tentation de vouloir trop en faire qui survient lorsque nous prenons des décisions fondées sur la peur", souligne Obama.

A long terme, poursuit-il, les initiatives menées par les Etats-Unis pour contrer l'idéologie sous-tendant la violence extrémiste seront "plus importantes que nos capacités à éliminer des terroristes".

LE DÉBAT SUR L'UKRAINE RESTE ENTIER

Sur la question ukrainienne, le rapport ne tranche pas dans le débat en cours à Washington sur l'opportunité d'armer les autorités de Kiev pour faire face à l'insurrection des séparatistes de l'Est, que la Russie est accusée de soutenir.

"Nous n'avons pas encore pris de décision à ce sujet, sur la nature de notre assistance, sur l'envoi d'un équipement défensif létal", a dit Susan Rice dans un discours prononcé devant la Brookings Institution.

Ce cercle de recherche, associé à l'Atlantic Council et au Chicago Council On Global Affairs, a publié cette semaine un rapport prônant la livraison d'armes à Kiev. "Pour qu'il y ait un véritable règlement diplomatique, il faut priver le Kremlin d'une solution militaire", a expliqué un de ses auteurs, l'ancien ambassadeur des Etats-Unis à Kiev John Herbst. (voir )

Susan Rice a ajouté que les Etats-Unis et leurs alliés européens continuaient d'examiner les moyens d'accentuer la pression sur la Russie.

Le document présenté vendredi révise le précédent rapport sur la stratégie de sécurité nationale, plus long, publié en 2010, quinze mois après l'entrée d'Obama à la Maison blanche. Le président démocrate a depuis fait l'objet de critiques récurrentes, tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger, sur ce qui apparaît comme un excès de prudence.

Le sénateur républicain Lindsey Graham, adversaire déclaré de la politique étrangère d'Obama, a ainsi estimé vendredi qu'il avait contribué au chaos et permis l'émergence de forces hostiles, à commencer par l'organisation Etat islamique, qui s'est emparé depuis juin dernier de très larges parties des territoires irakien et syrien.

"Je doute que l'EI, les mollahs iraniens ou Vladimir Poutine seront intimidés par la stratégie de 'patience stratégique' d'Obama", a-t-il réagi dans un communiqué.

Pour Susan Rice, ces critiques manquent de profondeur de vue et témoignent d'une inclination à réagir sous le feu de l'émotion. "Nous ne pouvons pas nous permettre d'être ballottés par l'alarmisme dans des cycles d'informations quasi instantanées", a-t-elle plaidé. (Henri-Pierre André pour le service français)