KABOUL, 2 septembre (Reuters) - Le général américain Scott Miller a pris ses fonctions dimanche à la tête des forces de l'Otan en Afghanistan, à un moment où Washington doit répondre à des questions de plus en plus pressantes sur sa stratégie afghane.

Ancien commandant de l'état-major des forces spéciales, vétéran de l'intervention militaire de fin 2001 en Afghanistan, le nouveau patron de la mission Resolute Support a déclaré lors de la cérémonie de passation de pouvoirs que pour pouvoir l'emporter, il fallait "continuellement apprendre et s'adapter à l'ennemi et à l'environnement".

"Il n'y a pas de place pour le statu quo", a-t-il poursuivi. "Nous ne pouvons nous permettre d'être complaisants avec nous mêmes."

Dix-sept ans après le renversement du régime des taliban, le nombre de victimes civiles des combats et attentats toujours en cours est à des niveaux records. Kaboul et d'autres grandes villes du pays, comme Jalalabad, sont régulièrement la cible d'attaques et si les taliban n'ont pas réussi à reprendre de grands centres urbains, ils contrôlent une large part du pays.

Washington, qui admet désormais qu'une victoire purement militaire n'est pas possible, s'efforce de contraindre les taliban à accepter d'engager un processus de paix avec le gouvernement afghan.

Mais un rapport de l'inspection générale du Pentagone a indiqué en juin dernier que peu d'éléments démontraient que la stratégie de pression exercée par les Etats-Unis sur les insurgés avait un "impact significatif".

Et l'offre de cessez-le-feu proposée par le président Ashraf Ghani au moment des fêtes de l'Aïd el Adha a été rejetée par les taliban.

Les forces de sécurité afghanes, pour leur part, subissent toujours de lourdes pertes et sont victimes d'un haut niveau de désertion. Des problèmes d'organisation et de logistique nuisent également à leur efficacité.

Fin août, le ministre de l'Intérieur, Waïs Barmak, et le numéro deux de la police de Kaboul, Mohammad Sadiq Muradi, ont affiché leurs divergences en direct à la télévision. Le premier a accusé le second d'incompétence, le second a reproché à ses supérieurs d'être injoignables.

Le week-end dernier, le conseiller à la sécurité nationale Hanif Atmar, dont certains observateurs pensent qu'il se prépare à défier Ashraf Ghani lors de l'élection présidentielle de l'année prochaine, a démissionné de ses fonctions.

Atmar a invoqué de "graves divergences politiques et de principes avec la direction du gouvernement".

Trois autres acteurs principaux de la sécurité afghane - Waïs Barmak, ministre de l'Intérieur, Tariq Shah Bahrami, son homologue à la Défense, et Masoom Stanekzai, le chef des services de renseignement - ont également remis leur démission à Ghani, qui a refusé leur départ. (James Mackenzie, Rupam Jain et Abdul Qadir Sediqi Henri-Pierre André pour le service français)