SYDNEY/TOKYO, 4 juillet (Reuters) - Un étudiant australien, qui était retenu en Corée du Nord depuis une dizaine de jours pour des raisons inconnues, a pu quitter le pays jeudi grâce à la médiation de la Suède.

Alek Sigley, 29 ans, qui étudie à Pyongyang, n'avait plus donné de nouvelles depuis le 25 juin.

"Je vais bien", a-t-il dit aux journalistes à son arrivée à l'aéroport de Pékin.

Il a refusé de dire ce qui lui était arrivé dans la capitale nord-coréenne où il vivait. Il a fait un signe de paix en traversant l'aéroport.

Quelques heures plus tard, il a atterri à Tokyo, passant devant la foule de journalistes qui attendaient à l'aéroport sans répondre à leurs questions. Alek Sigley est marié à une japonaise, Yuka Morinaga.

Le Premier ministre australien Scott Morrison a déclaré jeudi au Parlement que les autorités suédoises avaient aidé à obtenir la libération de l'étudiant mais n'a pas dit pourquoi Alek Sigley avait été retenu. L'Australie n'a pas de présence diplomatique en Corée du Nord.

Alek Sigley utilisait beaucoup les réseaux sociaux en Corée du Nord et publiait régulièrement des photos et des blogs sur des sujets de société tels que la nourriture ou la mode. C'est son silence sur les réseaux sociaux qui a fait comprendre à ses proches qu'il avait disparu.

Selon le spécialiste des questions de sécurité asiatique Euan Graham, ce n'est pas un hasard si l'interpellation de l'étudiant est intervenue alors que des négociations sont en cours entre la Corée du Nord et les États-Unis, pays proche de l'Australie.

"La Corée du Nord n'aurait pas arrêté un citoyen australien sans prendre en compte les ramifications géopolitiques", a déclaré Euan Graham, qui est professeur à l'Université La Trobe de Melbourne.

La détention a peut-être servi pour faire pression dans les négociations, a-t-il ajouté.

Dimanche, Donald Trump, est devenu le premier président des États-Unis à mettre un pied en Corée du Nord, lors d'une rencontre avec son dirigeant, Kim Jong-un dans la zone démilitarisée, afin de reprendre les pourparlers sur le nucléaire.

Le chef de la Maison blanche a dit avoir "hâte" de rencontrer à nouveau Kim Jong-un. En attendant, a-t-il ajouté, "nos équipes vont se rencontrer pour travailler sur des solutions à certains problèmes persistants".

Certains étrangers sont détenus depuis des années en Corée du Nord sur des accusations d'espionnage.

La mort de l'étudiant américain Otto Warmbier en 2017, après 17 ans de détention, a déclenché une longue période de tensions entre les États-Unis et la Corée du Nord.

Il avait été condamné à 15 ans de travaux forcés en 2016 pour avoir, selon les médias nord-coréens, tenté de voler un objet portant un slogan politique. Il est décédé peu de temps après avoir été transporté à son domicile dans l'Ohio dans le coma. (Colin Packham et Tom Westbrook à Sydney, Chris Gallagher à Tokyo, James Pearson à Hanoï, Ben Blanchard à Pékin et Niklas Pollard à Stockholm; Danielle Rouquié pour le service français)