NATIONS UNIES, 29 septembre (Reuters) - Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères a prévenu samedi à la tribune des Nations unies que la poursuite de la politique de sanctions contre Pyongyang ne faisait que renforcer sa défiance vis-à-vis des Etats-Unis et que la Corée du Nord ne renoncerait jamais unilatéralement à son arsenal nucléaire dans de telles conditions.

S'exprimant lors de l'assemblée générale annuelle de l'Onu, Ri Yong-ho a estimé que la Corée du Nord avait pris des mesures "significatives" pour prouver sa bonne volonté au cours des mois écoulés, citant notamment l'arrêt des essais nucléaires et tests de missiles et le démantèlement du site d'essais nucléaires de Punggye-ri en mai dernier.

"Cependant, nous ne constatons pas de réponse correspondante de la part des Etats-Unis", a ajouté le chef de la diplomatie nord-coréenne.

"Sans confiance envers les Etats-Unis, nous n'aurons pas moyen de garantir notre sécurité nationale et dans de telles circonstances, il est hors de question que nous désarmions unilatéralement les premiers."

Ri Yong-ho a de nouveau déploré le fait que Washington rejette une approche graduelle du dossier, en vertu de laquelle la Corée du Nord serait récompensée étapes par étapes, mais il n'a pas exclu formellement une dénucléarisation unilatérale à terme, contrairement à la position jusqu'ici affichée par Pyongyang.

La Corée du Nord réclame une déclaration de paix formelle pour mettre fin à la guerre des Corée de 1950-53, mais les Etats-Unis exigent au préalable l'abandon par Pyongyang de son arsenal nucléaire et refuse également d'assouplir les sanctions internationales contre le régime de Kim Jong-un, malgré les appels en ce sens de la Russie et de la Chine.

"NOUS METTRE À GENOUX EST UNE CHIMÈRE"

"Les Etats-Unis insistent sur la 'dénucléarisation d'abord' et augmentent le niveau de sanctions afin d'atteindre leur objectif de manière coercitive, en objectant même à une déclaration de fin de guerre", a observé Ri Yong-ho.

"L'idée que les sanctions puissent nous mettre à genoux est une chimère pour des gens qui ne nous connaissent pas. Mais le problème est que la poursuite des sanctions renforce notre défiance", a poursuivi le ministre nord-coréen.

Ri Yong-ho n'a fait aucune allusion à un deuxième sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump, après celui de Singapour en juin dernier.

Il a au contraire salué les trois rencontres successives de ces derniers mois entre le numéro un nord-coréen et le président sud-coréen Moon Jae-in en déclarant: "Si la partie prenante à cette question de la dénucléarisation était la Corée du Sud et non les Etats-Unis, la dénucléarisation de la péninsule coréenne n'aurait pas abouti à une telle impasse."

Le ton de Ri Yong-ho était cependant nettement plus apaisé que l'an dernier, lorsque l'escalade verbale entre Washington et Pyongyang avait atteint des sommets.

Donald Trump a commis une "faute irréversible" en surnommant "rocket man" (homme-fusée) Kim Jong-un, avait notamment averti Ri Yong-ho, menaçant de tirs de missiles le territoire continental des Etats-Unis. (David Brunnstrom, Michelle Nichols Jean-Stéphane Brosse pour le service français)