Selon les données publiées vendredi par l'Insee, la croissance du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre a accéléré moins que prévu, sa progression étant limitée à 0,3%, soit 0,1 point de moins qu'annoncé précédemment.

Ce rythme, bien que revu en baisse, marque une très légère accélération par rapport à la cadence de 0,2% observée au premier et au deuxième trimestres, mais cette reprise ne devrait être que temporaire avant une fin d'année pénalisée par les répercussions du mouvement des "Gilets jaunes".

Ce contexte social agité a d'ores et déjà pesé sur la consommation des ménages en biens, qui a rechuté en novembre (avec une baisse de 0,3% après un bond de 0,9% en octobre) ainsi que sur le climat des affaires, tombé en décembre à un plus bas depuis deux ans.

Comme dans les précédentes estimations, l'acquis de croissance pour l'ensemble de l'année 2018, à savoir l'évolution du produit intérieur brut (PIB) si l'activité stagnait complètement au cours des trois derniers mois de l'année, s'établit à 1,5%.

A ce niveau, le scénario d'une progression de 1,7% du PIB retenu par le gouvernement pour l'année en cours est largement compromis, puisqu'il nécessiterait, selon les calculs de Reuters, une progression de 0,8% du PIB au quatrième trimestre pour se réaliser.

L'Insee comme la Banque de France tablent sur une croissance de l'ordre de 0,2% au quatrième trimestre et s'attendent à ce que la croissance pour l'ensemble de l'année plafonne à 1,5%, après une année 2017 exceptionnelle, marquée par un bond de 2,3% du PIB.

Et ce tassement pèse d'ores et déjà pour les perspectives pour 2019. "La révision à la baisse des chiffres du PIB du T3 en France donne une croissance de 1,5% en 2018 et, en reprenant le scénario de l'Insee dans sa note de conjoncture, (...) on arrive à 1,2% pour 2019", estime Philippe Waechter, économiste d'Ostrum Asset Management, dans un tweet.

Par rapport à sa deuxième estimation publiée fin novembre, l'Insee a confirmé la contribution à la croissance du troisième trimestre de la demande intérieure finale (0,5 point) et a légèrement relevé la contribution positive du commerce extérieur (0,3 point, contre 0,2 point précédemment). La variation des stocks des entreprises a en revanche contribué négativement et davantage qu'estimé auparavant (-0,4 point contre -0 3 dans les précédentes estimations).

CONSOMMATION ET POUVOIR D'ACHAT DES MÉNAGES EN HAUSSE

Au troisième trimestre, la production de biens et services en France a accéléré, affichant une hausse de 0,6% après une progression de 0,3% au trimestre précédent.

Les dépenses de consommation des ménages se sont redressées après leur morosité du premier semestre - largement responsables du trou d'air de la croissance sur la période - progressant de 0,4% après un recul révisé à 0,1% au deuxième trimestre (−0,2% annoncé dans la précédente estimation).

L'investissement global a continué de progresser sur la période juillet-septembre, avec une hausse confirmée à 0,9%, alimentée par le dynamisme de l'investissement des entreprises, dont l'augmentation a été revue à 1,5% (contre +1,6% auparavant).

L'investissement des ménages, qui recouvre pour l'essentiel les dépenses en logement, est quant à lui reparti en légère baisse pour la première fois depuis le printemps 2015 et s'inscrit en recul de 0,1%, en lien avec le recul des mises en chantiers de logements depuis fin 2017.

Au troisième trimestre, le pouvoir d'achat des Français a ralenti, affichant une hausse de 0,4% après celle de 0,8% observée au cours du trimestre précédent.

Parallèlement, leur taux d'épargne est resté pratiquement stable, à 14,4%, soit un recul de 0,1 point par rapport au deuxième trimestre.

Le taux de marge des entreprises a quant à lui légèrement progressé, à 31,9% contre 31,7% au deuxième trimestre.

Selon l'institut national de la statistique, le déficit des administrations publiques s'est creusé à 3,1% du PIB au troisième trimestre, après 2,7% au deuxième. Cette évolution a été alimentée à la fois par une augmentation des dépenses après leur recul du deuxième trimestre sur fond de baisse des remboursements de la taxe à 3% sur les dividendes, ainsi que par une diminution des recettes, avec notamment une baisse des recettes d'impôt sur les sociétés.

(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)