NATIONS UNIES (Reuters) - L'Union européenne a prévenu les pays en voie de développement que la Russie proposait de leur offrir des céréales afin de "créer de nouvelles dépendances et d'exacerber les vulnérabilités économiques et l'insécurité alimentaire mondiale", montre une lettre consultée mercredi par Reuters.

Le responsable de la politique étrangère de l'UE, Josep Borrell, a écrit lundi aux pays en développement et aux membres du G20, les appelant à parler "d'une voix claire et unie" pour amener Moscou à revenir dans l'accord sur les exportations de céréales en mer Noire.

Les prix des céréales ont bondi après que la Russie a suspendu le mois dernier sa participation à l'accord conclu en juillet 2022, qui permettait l'exportation de céréales ukrainiennes.

"Alors que le monde est confronté à des perturbations de l'approvisionnement et à une hausse des prix, la Russie approche maintenant les pays vulnérables avec des propositions bilatérales de livraisons de céréales à des prix réduits, prétendant ainsi résoudre un problème qu'elle a elle-même créé", a déclaré Josep Borrell.

"Il s'agit d'une politique cynique, utilisant délibérément les denrées alimentaires comme une arme afin de créer de nouvelles dépendances en exacerbant les vulnérabilités économiques et l'insécurité alimentaire mondiale", a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine a dit la semaine dernière que la Russie était prête à fournir l'Afrique en céréales, en partie gratuitement.

Moscou a indiqué qu'il envisagerait de revenir dans l'accord céréalier si ses demandes sur les exportations russes de céréales et d'engrais, qu'il estime entravées, étaient satisfaites.

"L'UE n'a pas ménagé ses efforts pour faire en sorte que les sanctions n'aient aucune incidence sur la sécurité alimentaire des pays tiers. Aucune sanction ne pèse sur les exportations russes de denrées alimentaires et d'engrais vers les pays tiers", a écrit Josep Borrell.

Le responsable de la politique étrangère du bloc a ajouté que l'UE "continuera à soutenir les efforts infatigables" fournis par les Nations unies et la Turquie pour relancer l'accord.

Josep Borrell a partagé mercredi sa lettre avec ses homologues de l'Union européenne afin de "contrecarrer la désinformation russe sur la sécurité alimentaire mondiale et l'impact des sanctions européennes".

(Reportage Michelle Nichols; version française Camille Raynaud)

par Michelle Nichols