KAHRAMANMARAS, Turquie/JINDIRES, Syrie (Reuters) - Neuf jours après les séismes qui ont dévasté le sud de la Turquie, deux femmes ont été sorties vivantes des décombres mercredi à Kahramanmaras, près de l'épicentre de la secousse principale, mais les espoirs de retrouver d'autres miraculés sont minimes et l'attention se porte avant tout sur l'aide aux rescapés.

Les sauveteurs se sont applaudis et embrassés après avoir réussi à sauver une femme de 74 ans ensevelie depuis 226 heures sous les gravats, comme le montre une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. Un peu plus tôt, une femme de 42 ans avait été secourue dans la même ville.

Le bilan du séisme de magnitude 7,8 survenu lundi 6 février avant l'aube dans cette région, suivi quelques heures plus tard d'une secousse de magnitude 7,5 un peu plus au nord, s'élève désormais à plus de 41.000 morts en Turquie et en Syrie voisine.

Des millions d'habitants, privés de toit, de sanitaires, de chauffage par des températures glaciales, ont besoin de secours d'urgence.

"Nous n'avons pas pu nous laver depuis le séisme", déclare Mohammad Emin, un étudiant en graphisme âgé de 21 ans, installé avec des centaines d'autres habitants de Kahramanmaras dans un campement de tentes érigé dans un stade de la ville, ajoutant qu'il n'existe que six toilettes sur le site.

Le manque d'eau potable risque de favoriser l'apparition d'épidémies et de maladies infectieuses comme le choléra ou la fièvre typhoïde.

"Il faudrait retirer d'urgence tous les gravats et tout nettoyer, mais ce n'est pas possible pour le moment, alors on fait ce qu'on peut pour empêcher la propagation (de ces maladies)", déclare une pharmacienne, Jin Ozsaygili, qui travaille sur un ferry utilisé pour soigner les rescapés, dans le port turc d'Iskendurn.

L'AIDE AU COMPTE-GOUTTES

Selon les autorités, la moitié des immeubles de la province méridionale de Hatay ont été soit détruits, soit gravement endommagés.

"Nous allons rapidement démolir ce qui doit l'être et construire des logements sûrs", a promis sur Twitter le ministre de l'Environnement et de l'Urbanisation, Murat Kurum.

Lors d'une conférence de presse à Malatya, à quelque 160 km de l'épicentre du premier séisme, le ministre turc du Tourisme, Nuri Ersoy, a encouragé les habitants à regagner leurs domiciles, si les autorités estiment qu'ils ne présentent pas de risque, "afin de commencer à revenir à la normale".

Dans le nord-ouest de la Syrie, seule région échappant encore au contrôle du régime de Bachar al Assad après plus de onze ans de guerre civile, aux infrastructures détruites par les bombes, l'aide parvient au compte-gouttes, ralentie par la complexité des tractations entre politiques et humanitaires.

Les inimitiés issues du conflit ont fait échouer au moins deux tentatives pour envoyer de l'aide dans la région mais un convoi organisé par des tribus arabes a pu s'y rendre au cours de la nuit dernière.

Des camions chargés de couvertures, de nourriture, de tentes et de médicaments sont arrivés dans une zone tenue par la rébellion en provenance d'une région contrôlée par les Forces démocratiques syriennes, à majorité kurde, a constaté un correspondant de Reuters.

La collecte se poursuit et d'autres convois seront mis en place, a assuré l'un des organisateurs, Hamoud Saleh al Darjah.

(Avec Maya Gebeily, DarenButler, Ezgi Erkoyun, Timour Azhari,Firas Makdesi, Ece Tobaksay,Huseyin Hayatsever, Parisa Hafezi; rédigé par Ingrid Melander, version française Jean-Stéphane Brosse)

par Henriette Chacar et Khalil Ashawi