Genève (awp) - Mirabaud table sur une croissance du produit intérieur brut (PIB) suisse de 0,9% en 2017 et de 1,7% l'année prochaine. L'inflation devrait atteindre à 0,4% cette année et 0,6% en 2018, a indiqué mercredi à AWP Gero Jung, chef économiste, en marge d'un événement à Genève. Le taux de chômage devrait rester plus ou moins stable autour de 3,0%.

En termes de politique monétaire, le groupe bancaire genevois prévoit un statu quo l'année prochaine. "Nous avons la conviction que la Banque nationale suisse va poursuivre sa politique actuelle qui repose sur deux piliers, d'une part les taux négatifs et d'autre part l'intervention sur le marché des changes", a expliqué M. Jung.

La paire euro/franc ne devrait que faiblement varier en 2018, à en croire l'économiste. Ce dernier prédit le maintien de la politique accommodante de la Banque centrale européenne (BCE), respectivement la poursuite du programme de rachat d'actifs au-delà de septembre 2018. "La situation s'améliore en Europe, mais il reste tout de même des problèmes structurels." En conséquence, l'euro ne devrait pas s'apprécier.

Une relative stabilité devrait également prévaloir pour la paire USD/CHF.

Gero Jung constate depuis le début de l'année une divergence entre des sondages conjoncturels optimistes - à l'instar de l'indice des directeurs d'achat (PMI) manufacturier - et une croissance du PIB modérée. "La demande domestique reste plutôt faible et la construction souffre. En revanche, il semble que l'industrie connaisse une phase d'expansion forte", souligne le spécialiste.

LE POTENTIEL DES ÉMERGENTS SOUS-ÉVALUÉ

Premier secteur d'exportation, la pharma et de la chimie ne sont pas au mieux de leur forme à l'étranger. Le secteur manufacturier et l'horlogerie, respectivement 2e et 3e par ordre d'importance, relèvent la tête.

Comme une bonne partie des observateurs, l'économiste ne s'attend pas à des retombées, positives ou négatives, pour la Suisse suite au vote sur le Brexit, du moins à court terme.

Les trois spécialistes de Mirabaud réunis mercredi à Genève ont insisté sur le renouveau des marchés émergeants. Le groupe bancaire, respectivement son unité spécialisée dans la gestion institutionnelle, estime que le potentiel de pays comme le Brésil ou la Russie est aujourd'hui sous-évalué.

Pour Daniel Tubbs, gérant d'un fonds marchés émergents, les risques politiques sont actuellement aussi élevés en Europe ou aux Etats-Unis que dans le reste du monde. Le spécialiste a notamment évoqué le Brexit ou les difficultés rencontrées par Angela Merkel en Allemagne pour former un gouvernement. "L'excuse du risque pour ne plus investir dans les pays émergents ne fait plus de sens", a-t-il affirmé.

Gero Jung adhère à cette analyse, arguant que les indicateurs sur les risques globaux et politiques suivent une tendance à la baisse.

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