LONDRES (Reuters) - Alors que l'inquiétude prédomine au creux de la saison estivale, les banquiers centraux se réuniront la semaine prochaine pour le traditionnel symposium organisé par la Réserve fédérale (Fed) à Jackson Hole, au Texas.

Nul doute que le rendez-vous sera suivi de près alors que les investisseurs s'inquiètent de l'étonnante résistance de l'économie américaine qui pourrait inciter la Fed à poursuivre plus longtemps que prévu sa politique monétaire restrictive.

Dans le viseur également, un éventuel nouveau geste de la Banque populaire de Chine (BPC) pour soutenir l'économie et la publication des indices PMI "flash" pour le mois d'août.

Tour d'horizon de l'agenda des marchés ces prochains jours.

Les responsables de la Fed, accompagnés de leurs confrères de la Banque centrale européenne (BCE), de la Banque d'Angleterre (BoE) et de la Banque du Japon (BoJ) se réuniront du 24 au 26 août à Jackson Hole pour leur rendez-vous estival annuel.

L'an dernier, les investisseurs s'interrogeaient pour savoir si un resserrement agressif pouvait venir à bout de l'inflation sans déclencher de récession économique.

Les voilà aujourd'hui rassurés sur la résistance de l'économie américaine mais inquiets que cela ne conduise à une phase de taux élevés plus longue que prévu.

Le rendement des Treasuries à dix ans a touché cette semaine un plus haut de huit mois, se rapprochant du pic de 4,338%, qui, s'il devait être dépassé, le ramènerait à ses niveaux de 2007.

2/ PRUDENCE SUR LA CHINE

Les récentes tensions sur le marché immobilier chinois exacerbent le sentiment de crise qui s'installe dans la deuxième économie mondiale.

La baisse surprise annoncée mardi par la BPC sur son taux MLF (facilités de prêts à moyen terme) n'est pas parvenue à rassurer les opérateurs de marchés. Elle a surtout alimenté les attentes sur une réduction du taux préférentiel des prêts - ce qui signifie une baisse des taux immobiliers - dès lundi.

Les investisseurs appellent aussi de leurs voeux un assouplissement des restrictions à l'achat de logements dans des villes telles que Pékin et Shanghai.

L'immobilier représente environ un quart de l'économie chinoise. L'annonce d'une baisse des prix des nouveaux logements en juillet - une première cette année - a donc été jugée inquiétante.

De même que les difficultés qui s'accumulent pour les acteurs du secteur, comme Country Garden ou China Evergrande, qui s'est placé sous la protection de la loi sur les faillites aux États-Unis.

3/ BAROMÈTRE DE L'ÉCONOMIE

Les indices d'activité PMI "flash", considérés comme un indicateur avancé de l'état de santé de l'économie, seront publiés mercredi en Europe et aux Etats-Unis pour le mois d'août.

Ils devraient donner une bonne idée de la résistance, ou non, de l'économie mondiale et fournir des clés pour évaluer la trajectoire future des taux d'intérêt avant les réunions des grandes banques centrales prévues en septembre.

En juillet, le ralentissement du secteur des services a fait tomber l'activité du secteur privé aux Etats-Unis à un plus bas de cinq mois, tandis que dans la zone euro, elle s'est contractée pour le deuxième mois d'affilée.

4/ JEU DE "BRICS"

Les dirigeants des pays des BRICS - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud - se réuniront de mardi à jeudi à Johannesburg pour tenter de faire de ce bloc informel un contrepoids mondial à l'Occident.

L'expansion sera à l'ordre du jour: une quarantaine de pays ont exprimé leur intérêt pour rejoindre le bloc, que ce soit de façon formelle ou non, selon l'Afrique du Sud. Parmi les candidats, l'Arabie saoudite, l'Argentine et l'Egypte.

Le Brésil pourrait toutefois faire obstacle de peur de voir son influence s'affaiblir. Et Vladimir Poutine, qui sera présent via la vidéoconférence en raison du mandat d'arrêt à son encontre, est occupé par des problématiques internes, la chute du rouble alimentant les spéculations sur la mise en place d'un nouveau contrôle strict des capitaux en Russie.

VOIR AUSSI: ENCADRE-Que peut encore faire la Russie pour soutenir le rouble?

5/ La TURQUIE JOUE GROS

La Banque centrale turque devrait à nouveau relever jeudi ses taux d'intérêt, pour la troisième fois d'affilée depuis la nomination de Hafize Gaye Erkan comme gouverneure début juin.

Les interrogations portent sur l'ampleur de la hausse alors que la Turquie fait face à une inflation à deux chiffres.

Le mois dernier, Hafize Gaye Erkan a indiqué que la banque centrale poursuivrait un "relèvement progressif et régulier" des taux après des années de politique monétaire non orthodoxe sous la pression du président Recep Tayyip Erdogan.

Il est peu probable que les investisseurs sur les marchés émergents s'inquiètent d'une forte augmentation des taux d'intérêt en Turquie. La Russie vient d'augmenter ses taux de 3,5 points de pourcentage et l'Argentine, de 21 points de pourcentage.

(Ira Iosebashvili à New York, Li Gu à Shanghai, Yoruk Bahceli à Amsterdam, Jorgelina do Rosario and Marc Jones à Londres et Rachel Savage à Johannesbourg, compilé par Dhara Ranasinghe; Blandine Hénault pour la version française, édité par Jean-Stéphane Brosse)