Cette loi, adoptée par le PiS, le parti eurosceptique et nationaliste au pouvoir en Pologne, intervient avant les élections législatives d'octobre ou de novembre.

La nouvelle commission enquêtera sur la période 2007-2022 et aura le pouvoir d'interdire aux personnes convaincues d'avoir agi sous l'influence de la Russie de détenir une habilitation de sécurité ou de travailler à des postes où elles seraient responsables de fonds publics pendant dix ans, ce qui les disqualifiera de fait de la plupart des fonctions publiques.

Fortement critiquée comme étant inconstitutionnelle par plusieurs organisations judiciaires, y compris le bureau juridique du Parlement, la loi est largement considérée comme un moyen pour le PiS d'empêcher les principaux politiciens de l'opposition, y compris l'ancien Premier ministre Donald Tusk, d'entrer en fonction si le PiS est évincé lors des élections.

"Nous sommes particulièrement préoccupés par la situation en Pologne, avec la création par la loi d'un comité spécial capable de priver des citoyens, des individus, de leur droit d'être élus à des fonctions publiques", a déclaré Didier Reynders, commissaire européen chargé de la justice.

"La Commission n'hésitera pas à prendre des mesures, si nécessaire, car il est impossible de se mettre d'accord sur un tel système", a-t-il déclaré en entrant dans les discussions des ministres de l'UE à Bruxelles.

Le département d'État américain a également exprimé ses inquiétudes quant à l'utilisation potentielle de la nouvelle législation pour cibler l'opposition.

"Le gouvernement américain est préoccupé par l'adoption par le gouvernement polonais d'une nouvelle législation qui pourrait être utilisée à mauvais escient pour interférer avec les élections libres et équitables en Pologne", a-t-il déclaré dans un communiqué publié lundi en fin de journée.

"Nous partageons les inquiétudes exprimées par de nombreux observateurs quant au fait que cette loi visant à créer une commission chargée d'enquêter sur l'influence russe pourrait être utilisée pour bloquer la candidature d'hommes politiques de l'opposition sans procédure régulière.

Le chef du Bureau de la politique internationale du président polonais, Marcin Przydacz, a déclaré mardi à la radio privée RMF qu'il pensait que l'ambassade américaine n'avait probablement pas fourni au département d'État une "analyse juridique approfondie de ces dispositions".