MUNICH (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, a mis en garde son homologue chinois Wang Yi contre les conséquences d'un soutien de Pékin à Moscou au cours d'une "franche" discussion samedi en marge de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité, ont déclaré des responsables américains.

Les deux chefs de la diplomatie américaine et chinoise se sont rencontrés dans le plus grand secret dans un lieu tenu secret à Munich, le département d'Etat américain n'ayant confirmé la réunion, longue d'environ une heure, qu'après sa tenue.

Le différend lié au ballon, qui a survolé les États-Unis et le Canada avant d'être abattu sur les ordres du président Joe Biden, a détérioré encore des relations bilatérales déjà tendues à un moment où l'Occident surveille de près la réponse de Pékin à la guerre en Ukraine.

La Chine essaie de "jouer sur les deux tableaux" en affirmant vouloir contribuer à la paix et à la stabilité tout en prenant des mesures "inquiétantes" pour soutenir l'invasion de l'Ukraine, a déclaré un haut fonctionnaire du département d'Etat lors d'une conférence de presse

"Le secrétaire d'Etat n'a pas hésité à mettre en garde contre les implications et les conséquences d'un soutien matériel de la Chine à la Russie ou d'une aide à la Russie pour contourner systématiquement les sanctions", a-t-il ajouté.

Dans une interview à NBC, Antony Blinken a fait savoir que Washington disposait d'informations selon lesquelles Pékin pourrait fournir une aide de guerre létale à la Russie.

Lors d'un débat à Munich, Wang Yi avait réitéré auparavant son appel au dialogue et invité les pays européens à "réfléchir calmement" à la manière de mettre fin à la guerre.

Il a également dit qu'il y avait "certaines forces qui, apparemment, ne veulent pas que les négociations aboutissent ou que la guerre prenne fin rapidement", sans préciser à qui il faisait référence.

PAS d'EXCUSE

L'entrevue entre Antony Blinken et Wang Yi a eu lieu quelques heures après que ce dernier a accusé les États-Unis de violer les règles internationales en adoptant un comportement "hystérique" évoquant notamment la destruction d'un ballon chinois dans le ciel nord-américain.

"Envoyer un avion de chasse pour abattre un ballon avec un missile, un tel comportement est incroyable, presque hystérique", a déclaré Wang.

"Il y a tellement de ballons dans le monde, et tant de pays en possèdent, les États-Unis vont-ils tous les abattre ?", a-t-il ajouté. "Nous demandons aux États-Unis de faire preuve de sincérité et de corriger leurs erreurs, de faire face et de résoudre cet incident, qui a nui aux relations sino-américaines."

Antony Blinken a déclaré, toujours à NBC, que le numéro un de la diplomatie chinoise n'avait pas présenté d'excuse pour l'entrée d'un ballon dans l'espace aérien des Etats-Unis.

Il a maintes fois souligné à Wang Yi que la violation de la souveraineté américaine par un ballon ne devait plus jamais se reproduire.

La "querelle des ballons" avait incité Antony Blinken à reporter une visite prévue à Pékin. Ce voyage du 5 au 6 février aurait été le premier d'un secrétaire d'État américain en Chine depuis cinq ans et était considéré par les deux parties comme une occasion de stabiliser les liens.

(Humeyra Pamuk, Ryan Woo, Trevor Hunnicutt, Sabine Siebold, Andrew Gray, Alexander Ratz, John Irish, Andreas Rinke, Jonathan Landay; rédigé par Matthias Williams, version française Nicolas Delame et Laetitia Volga)

par Humeyra Pamuk